Le 31 Décembre 1999

Cheveux.

Je suis arrivé tant bien que mal dans les Vosges, pour voir mon autre grand-mère --que je n'avais pas vue depuis cet été-- Maman est venue me chercher à la gare. La première chose qu'elle a dite c'était de critiquer ma chevelure. Les cheveux ont grandi depuis le mois de juin et je sais que ça ne lui plaît pas que je les laisse grandir. Je dois avoir un côté rebelle qui ressort en ce moment. Enfin, aussitôt arrivés à Viviers, ma grand-mère qui me fait une remarque similaire sur mes cheveux. Je réponds à qui veut bien l'entendre que celui à qui ça ne plaît pas et ben je l'emmerde. Elle dit alors qu'elle ne savait pas qu'on pouvait emmerder sa grand-mère. Je lui dis que si, et que c'est pas grave. Je réfléchis après coup pour dire que ça fait nouvelle génération qui ne respecte pas les anciens, mais eux aussi, ils ont le droit de respecter nos choix, même si le plus souvent ce sont eux, la Sagesse, qui ont raison... Pourtant son fils a bien eu les cheveux longs dans sa jeunesse... Elle prétexte que ça lui allait mieux...
Puis en visite dans le village, voir la famille, en tout et pour tout, sur les quelques trente heures que j'ai été dans les Vosges, il y a bien eu une quinzaine de personnes qui m'ont dit que j'avais des cheveux longs.
Seule mon autre grand-mère et une tante ne m'ont rien dit... Peut-être ceux qui m'apprécient pour ce que je suis et non pas pour ce que je paraîs. De toute facon pour clore le débat, j'argumentais que ma copine aimait bien me voir avec les cheveux longs. C'est ma meilleure raison.

Le 21 Décembre 1999

Ailleurs.

Le copain qui a trouvé pourrait donner des nouvelles de temps en temps. Même si je savais que ce mois-ci il avait beaucoup de choses à faire, j'espère bien qu'il donnera signe de vie quand il passera sur Nancy.

Le 20 Décembre 1999

Matinée.

C'est drôle comme j'aime rester avec ma copine au lit le matin. Surtout quand il n'y a pas obligation de se lever. On a réussi à émerger vers 13h00. Alors que quand je suis seul, si je ne dors pas, j'aime pas traîner au lit. Elle doit avoir une influence sur moi, ou alors ça fait partie des concessions qu'il faut faire.

Le 19 Décembre 1999

Manteau.

Aujourd'hui, c'est le jour que ma copine et moi avons choisi pour faire nos "courses de Noël". Un jour où il y a peu de monde dans les rues... un dimanche où tous les magasins sont restés ouverts...
Sa soeur décide de nous accompagner. Ça fera un avis de plus pour le manteau que je veux lui payer. Elle, elle hésite. Elle en a envie, mais elle sait qu'elle ne pourra pas m'offrir quelque chose de la même valeur. Moi, je m'en fous un peu. Ça me plaît de lui offrir quelque chose qui lui plaît. Elle ose pas me le demander. Par contre, elle sait ce qui me fera plaisir. Il suffit juste d'attendre qu'elle ait de l'argent. Et mon anniversaire n'est pas si loin. Et puis on est jeune. Elle saura bien assez tôt me faire plaisir. Je lui ai même parlé d'un enfant pour Noël. Elle demande si c'est vrai. Notre raison nous pousse à ne pas en faire tout de suite. Mais ça va venir.

Le 17 Décembre 1999

Article.

Oui "Article" parce que le nôtre est fini. C'est une satisfaction, et presque une fierté (ça viendra quand il sera publié).
Maintenant j'ai vraiment l'impression d'avoir fait quelque chose, même si moi, je ne suis pas content de l'article. Je trouve qu'il n'y a pas assez pour une thèse (évidemment) mais je ne sais pas dans quelle direction continuer. J'ai plusieurs choix, et je ne sais pas lequel va aboutir le plus vite. En fait, mon prof m'avait dès le début parlé de cette "ingratitude" de la recherche. Fin novembre et début décembre, j'ai lu quelques livres de maths -enfin disons plutôt quelques chapitres de livres, voire quelques théorèmes seulement- et tout ca pour n'avoir pas abouti à un résultat complémentaire. Mon prof -et moi !- aurions bien voulu que ce petit truc donne un résultat. Du coup, il m'a dit qu'il faudrait faire quelque chose pour la thèse, que ce "gap" ne peut pas rester inexploré. Je m'y mettrai, mais je ne suis pas inspiré.

Le 16 Décembre 1999

Hasard.

Il me semble que c'est ce jour où j'ai pensé, le matin, à cet artiste que j'avais rencontré en allant voir le James Bond. Je me brossais les dents, et étais en train de me demander lequel de nous deux allait contacter l'autre en premier, si toutefois cela devait se faire. Parce que le hasard d'un film et de deux humeurs a fait que nous avions parlé, rien ne nous prédestinait à nous rencontrer de nouveau. J'allais donc au bureau, plutôt, j'allais attendre le bus quand un gars s'arrête juste devant ma porte. Il me demande si je le reconnais. Il me donne son prénom. Je lui répond que oui, je le reconnais. On discute quelques minutes, et je lui dis que je suis pressé. Il me dit qu'il fait ses courses, qu'il se lève tard en ce moment, contrairement à moi ce jour-là précisais-je. Il a du boulot (des spectacles) pendant toute la période des fêtes. Je lui dis que c'est bien pour lui.
Cette fois, il me dit "à la prochaine". Je lui réponds pareil ,mais cette fois avec un peu plus de conviction : oui on se reverra une autre fois maintenant.

Le 15 Décembre 1999

Bébé.

Je suis pas allé au bureau aujourd'hui, ni au badminton. J'avais trop mal à la gorge, et puis avec mes premiers TD vendredi, je ne peux pas me permettre de le repousser.
Je suis juste sorti faire une lessive, acheter le programme télé et quelques bandes-dessinées. En fait je voulais sortir quelques minutes seulement, moins d'une heure. Mais arrivé au "Hall du livre" je retrouve un collègue de bureau, un de ceux qui lisent mon journal régulièrement. Et puis après quelques phrases échangées, je lui demande si on peut aller à l'intérieur du magasin. Puis je vois arriver 5 minutes après une collègue monitrice. Mon copain me quitte. Elle, elle commence la discussion. Elle me raconte qu'elle est maman depuis un peu plus d'un mois. Elle me raconte ses ennuis de santé, le fait que son enfant soit prématuré, comment ça se passe maintenant, et aussi tout le reste : les couches, le manque de boulot de son copain, sa thèse. Je lui demande comment elle fait. Elle me dit que ce n'est pas tous les jours facile. Je l'interroge sur la précipitation de la conception. Elle me dit que de toute façon, ce n'est jamais le bon moment. Alors là ils y sont quand même "allés".
Le soir, je raconte tout ça à ma copine. Elle essaie de savoir pourquoi je parle si souvent d'enfant depuis deux-trois semaines. Elle trouve quelques réponses. Mais elle le sait aussi bien que moi, il est trop tard pour donner un arrière-petit fils à mon grand-père. Pourtant je veux que ce soit elle. Il reste encore ma grand-mère...

Le 13 Décembre 1999

Retard.

Retard parce que ça fait plus de deux semaines que ce journal ne m'a pas vu. Je m'en veux et d'ailleurs, je vais réparer ça tout de suite...
Voilà c'est chose faite. Je me sens mieux de l'avoir fait. Mais j'ai chaud, en ce moment il fait chaud dans cette salle, je suis en train de couver quelque chose je le sens. Et il faut que je redescende à pied encore. Je vais me rendre malade. Demain j'irai m'acheter un jeu. Ça ira mieux, et demain je rentrerai tôt, ça me changera des deux heures du matin de la semaine dernière.

Le 10 Décembre 1999

Murphy.

Ce vendredi matin, j'avais une conférence au labo vers 9h20. J'ai demandé à ma copine de me réveiller avec le téléphone, le seul moyen efficace que j'ai trouvé. Même la chaîne n'est pas sûre. Je me prépare calmement, sans me presser, puisque vers 9 heures moins le quart, je suis prêt et descends attendre le bus.
Bien entendu, il est passé il y a quelques minutes et il va falloir attendre. Mais un quart d'heure de bus et de marche, je serai encore à l'heure. Le bus en fait, je l'attends plus de dix minutes. Je commence, en montant dedans, à montrer des signes d'impatience. Le bus s'arrête ce jour-là à toutes les stations. les gens prennent leur temps pour monter. Je les hais, C'est pas souvent, mais ce matin je les hais. On se prend tous les feux. Merde, les travaux pour le tram on se les coltine aussi. Je vais être en retard malgré la bonne volonté que j'avais mise à ne pas l'être. Bien sûr, j'oublie de regarder l'heure à laquelle je suis descendu du bus. Encore plus de 5 minutes à pied. Je suis en retard. Zut !. J'arrive à mon bureau. Je descends en salle de conférence. J'oublie mes lunettes dans mon bureau. J'arrive, l'exposé n'est pas commencé  : merci Murphy.

Le 9 Décembre 1999

Digne.

Je rentre tard de la fac ce soir. Il est environ 2 heures du matin. Je traverse alors le pont des Fusillés quand je vois une fille qui parle aux arbres --enfin, c'est l'impression qu'elle donnait--. J'avance sans rien penser d'elle, et surtout sans la fixer. Puis en approchant je vois son gars qui est près du panneau publicitaire 4x3 au-dessus de lui. J'imagine tout de suite ce qu'il est en train de faire... Cependant, je le vois marcher la main à la braguette. il titube, fais quelques pas, s'arrête de nouveau. Il me regarde, puis regarde sa copine. Elle lui demande de se dépêcher. Il ne l'écoute pas. Elle revient à la charge. Il l'envoie bouler. Il s'approche de moi. Il continue de se tenir la braguette. Elle lui dit :
-Tu ne vas pas tous les faire les arbres !
-Ah, ton copain est saoûl, il a le droit
J'ai failli lui répondre : Non. Je poursuis mon chemin. Je pense à ma copine si elle me trouvait dans cet état. Elle pourrait me pardonner, mais jamais je ne pourrais lui faire ça. Sa copine devait l'aimer pour ne pas le laisser se débrouiller seul pour rentrer chez lui.
Je pense à elle dès qu'elle se trouve loin de moi, disons hors de portée d'yeux.

Le 5 Décembre 1999

Chaussures.

Ce week-end, j'ai accompagné ma copine dans les Vosges, à Contrexéville, chez ma grand-mère, où elle allait passer la semaine pour raison de travail. Je suis rentré seul le dimanche soir alors que je les ai laissées toutes les deux dans la grande maison. C'était pas facile de rester seul, mais dans ce cas, les copains sont là. On se tient compagnie et puis ca passe le temps plutôt que de rester chacun chez soi à travailler, dans le pire des cas, ou alors à regarder bêtement la télévision.
Ma grand-mère m'a donné les dernières chaussures que mon grand-père a portées, mis à part les chaussons, et la paire avec laquelle il est parti. Elles sont confortables, mais malgré le petit nombre de fois où il les a mises, il a eu le temps de les former à son pied. Si bien que je ne les ai mises que deux jours, et suis retourné dans mes baskets, de raison et de douleur, puisque j'avais des ampoules à tous les orteils.
Mais je continuerai quand même à les mettre, il faut juste le temps, et la patience, qu'elles se fassent à mon pied maintenant.

Le 1er Décembre 1999

Rencontre.

Pour une fois, et encore la semaine dernière, j'ai décidé d'aller au cinéma tout seul sans la compagnie de ma copine ou de mes copains. C'est ainsi que je suis parti voir le dernier 007, près de chez moi. À dix heures le soir, je pensais être tranquille avec quelques pleupleus dans la salle. Je suis arrivé avant le début de la séance pour pouvoir voir les bandes annonces des films qui allaient sortir prochainement. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir la salle quasi-remplie, avec les meilleurs places --celles de l'allée centrale, où on peut allonger ses jambes, et les replier comme bon nous semble-- prises. Toutes ! Non, en fait j'en vois une au milieu entre deux gars.
Je m'avance, et je demande :
-Cette place est prise ?
L'homme me répond que non.
-Ben maintenant, si fis-je, quelques secondes avant lui.
Je me dis que la conversation va pouvoir se faire, et elle s'engage. On parle des films qui passent, du Tarzan de la semaine dernière, que lui aussi est allé voir. Il me dit qu'il a aimé. Je lui suggère d'aller voir "Jin-Roh" et "Mon Voisin Totoro". Puis on a parlé du James Bond. Le film a commencé : on s'est tus.
Le film terminé, je lui ai demandé si il était pressé de rentrer. En fait je lui ai dit que je ne pourrais pas rester longtemps de toute façon, vu que moi je me levais tôt le lendemain matin.
Je lui ai conseillé le "Be Happy" un bar de nuit sympa près de la vieille ville. Il a pris un Pepsi, et moi une Kriek. Ensuite on s'est raconté nos vies : lui a parlé de son métier, comme artiste. C'est-à-dire qu'il est jongleur, assembleur --ceux qui font des animaux en tordant les ballons, il en utilise 100 à 150 sachets de 100 ballons par an-- il fait aussi de la magie-- il m'explique ce qu'il fait aussi pour l'administration et tout ce qui concerne les assedic, l'assurance, la cotisation, ce que ça entraîne comme dépenses, et aussi tout le reste. Il a commencé par me raconter comment "il s'était fait un fonctionnaire pas plus tard qu'aujourd'hui", en forçant un gars de l'URSSAF --je crois-- à répondre à ses questions. Moi je trouvais son histoire très chiante, mais lui avait l'air content de me la raconter : une satisfaction de plus. Je lui ai aussi dit ce que je faisais. Mais les maths ça rebute pas mal de monde...
On est rentré vers 1h00 du mat'. Se promener avec un mec à cette heure-là je pensais que ça faisait un peu pédé, j'étais gêné mais dès que nous sommes sorti du ciné je lui ai demandé si il était marié. Il m'a répondu qu'avec son métier, ce n'était pas facile de concilier les deux. Moi je lui ai parlé de ma copine... Je pense que ça a mis les choses au clair.
Ensuite, on s'est échangé nos numéros de téléphone chez moi. Il en a profité pour me démonter mon space-cube, et aussi pour voir ce qu'il y avait chez moi.
-Vous regardez ce qu'il y a à piquer ?
-Non, j'ai été volé trois fois, et c'est d'ailleurs pour ça que je déménage souvent. La dernière fois, je suis allé récupérer mes affaires avec ma carabine...
Mais il est dangereux ce type. Puis il est parti. Moi je suis allé au lit. À savoir qui reprendra contact avec l'autre en premier ?