Le 29 Février 2000

Paté.

Hier, on est allé acheter à manger, un copain et moi, au Match, vu que le R.U. est fermé. J'ai acheté du paté, ou plutôt de la mousse de canard aromatisée au porto ou au grand marnier je ne sais plus.
J'en ai mangé toute l'après-midi. Vers 22h30, au moment de partir, je me dis que je pourrais me faire un casse-croûte pour le retour. Je rentre dans le bureau --j'étais en salle d'ordinateurs-- je regarde par la fenêtre --là où le paté attend au frais-- et je ne vois plus le paquet. Il pleut à torrent, il y a du grand vent. J'ouvre : rien. Je parcours les rebords de fenêtres inférieurs : toujours rien. Je souhaite qu'il soit tombé sans perdre son emballage.
Au moment de quitter le campus, je retrouve mon papier, avec le paté dedans, il n'a rien pris. Pas de dégâts. Il est même tombé à plat. Pas de pousière, ni de saletés.
Je m'en servirai pour faire mon sandwich demain.

Le 28 Février 2000

Fermeture.

Aujourd'hui lundi, je retrouvais mes élèves.
Je crois que je suis assez cool avec eux. Je parle de tout et de rien mais j'essaie de faire les maths que je suis censé leur faire comprendre. Je leur ai donné mon mail dès le début du semestre. Et aussi ma page web. Je leur ai parlé de jeux vidéos. Et puis on a enchaîné sur les mangas et les bandes-dessinées. Je leur ai dit que j'en parlais sur ma page.
Au retour des vacances il y en a un qui laisse traîner une adresse web : celle de mon journal en-ligne. Il est venu la voir :
-Alors t'en penses quoi ?
-C'est pas mal.
À savoir s'il va continuer à venir lire le journal. Il a aussi râlé sur le fait que beaucoup de pages étaient en construction... Je le sais. J'ai pas le temps. Et encore moins ce mois-ci que les autres je crois.
Après le T.D. on a discuté un peu devant la fac. Une heure et demie quasiment de discussion avec trois d'entre eux. Et puis vers 13h40, le R.U. était fermé. De toutes façons, ça n'aurait rien changé de terminer la discussion avant l'heure vu qu'il est fermé pour la semaine.
Je me rappelle que je dois lui faire un mail pour qu'il voit ma liste de BD. Je lui ai proposé de lui en passer. Je ne sais pas si ça se fait, de passer ses BD à ses élèves.

Le 27 Février 2000

Lueur.

Un dimanche calme, surtout que ma copine ne repart pas ce soir. Le train ne me l'enlèvera pas aujourd'hui.
On a encore parlé de la soirée précédente, de la nouvelle arrivée... Du fait qu'ils étaient restés calmes, sans se bécotter snas arrêt alors qu'on était tous les six. Et puis il y a aussi eu les grands moments de silence... Ceux où je ne parlais pas. Ou bien que les gens parlaient d'autre chose. Nous nous regardions, ma copine et moi. Elle, avec cette lueur dans les yeux qui veulent dire "je t'aime", avec ses silences communicatifs, nos regards profonds qui veulent tout dire. Ces mots sussurés, à l'insu des gens qui nous entourent. On lisait sur nos lèvres ce qu'on voulait se dire. Je deviens nostalgique du jour passé. Je ne sais pas si c'est normal. Je voudrais savoir si tout le monde est comme ça. Il y avait aussi ces caresses prises subrepticement. Et toujours ces regards... Qui a dit que "les yeux sont le miroir de l'âme" ?

Le 26 Février 2000

3*2.

Ce soir, on est allé, ma copine et moi, mangé chez le copain qui a trouvé. Ils nous avait invités depuis longtemps, mais vu les évènements des lundi-mardi, il m'avait demandé si il pouvait inviter celui qui cherche. Je lui ai dit que oui, puisqu'il avait trouvé ! Ce serait bien de se retrouver tous les trois --les trois copains-- chacun avec sa copine.
La soirée s'est bien passée, malgré l'abscence d'occupations comme chez moi --avec la console ou le magnéto-- ou même chez celui qui a trouvé qui en possède également un. En fait, en rentrant, ma copine et moi avons parlé de l'ambiance. Elle m'a dit qu'heureusement que j'étais là pour mettre un peu d'ambiance. Ça me fait penser au mariage de ma cousine il y a un an et demi, où là aussi je m'étais un peu lâché pour mettre un peu d'ambiance, tout en restant digne. On a aussi tergiversé sur la nouvelle venur : la copine de celui qui cherche. On a parlé de eux, de comment ça se passait, si ça allait durer longtemps et de toutes ces choses. Ça nous afait penser à nous, à nos débuts dans la vie à deux. Notre bon vieux temps au Havre, avec son petit 10m2, les sorties sur la plage, et nos journées prises sur le temps. De bons souvenirs. Malgré les petites engueulades, et les réconciliations. Oui du bon temps que l'on a passé là-bas. C'était agréable. Maintenant, c'est au tour de mes copains qui trouvent de vivre ça. Je me sens vieux lorsque je parle comme ça. Comme si j'avais déjà vécu.

Le 25 Février 2000

Piailler.

Je suis allé manger tout seul ce midi. C'est pas mal. J'y vais vers 13h25 quand il n'y a plus personne.
À 13h35 --alors que le RU est fermé depuis 5 bonnes minutes-- il y a trois nanas qui se pointent en retard. Elles se font jeter assez vite, mais en insistant auprès de bonnes personnes, parviennent à entrer, avoir un plateau-repas. Je redoute où elles vont s'installer : avec la fermeture et les vacances peu de places sont disponibles --les chaises sont sur les tables sauf pour quelques-unes d'entre elles. Elles viennent s'asseoir à deux chaises de moi. Elles sont trois. Je me dis "elles vont piailler elles". Elles sont jeunes ça se voit. Elles commencent à médire sur les femmes qui nous servent à manger. La première a une voix trop aiguë pour que je la supporte. Pourtant elles ne m'ont rien fait, mais j'ai du mal aujourd'hui. Ensuite elles continuent sur la "visiteuse médicale" --je doute du terme, même si je comprends ce qu'elles veulent dire. Je me demande si je les écoute tout du long du repas. Moi j'ai fini de manger. J'ai des choses à faire. Je rentre au bureau. Je veux rester seul. Ma copine repart bientôt à Épinal. J'appréhende son départ, et mon retour à la solitude. Et puis cette masse de travail que je n'ai pas envie de faire...

Le 24 Février 2000

Entente.

Ça fait quelques temps, mon prof et moi travaillons dans la même direction. Tous les jours de la semaine il est venu dans mon bureau, et on fait des maths pendant pas loin de deux heures. Aujourd'hui il a commencé par regarder par la fenêtre. Il voit un collègue avec son portable, et je lui demande si il aura un. Il me répond par un "berk" significatif. Je lui dis qu'on est souvent dans la même direction pour voir les choses. Idem pour la rigueur. Bien que lui me l'enseigne pour l'être encore plus que je ne l'étais. De plus je crois qu'il y a de l'admiration : on ne peut pas être "élève" de quelqu'un sans l'admirer.

Le 22 Février 2000

42.

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de ma mère. Depuis ses 42 ans, je dis qu'elle restera pour moi à cet âge-là. Je ne sais pas. Ce doit être cette peur de vieillir, plus que cette peur de mourir que l'on peut ressentir. Je ne sais pas d'où ça vient. Je sais que maman n'aie pas qu'on parle de la mort, des testaments, des héritages, et tout ce qui est non loin de ces sujets. Moi, c'est plutôt la peur de vieillir, sans avoir pu faire tout ce que je voulais faire. J'essaie d'être assez ouvert aux sujets, donc ça prend de plus en plus de temps pour les faire. Je sais pertinemment que je ne pourrai de toute façon pas tout faire mais je compose avec.
Je l'ai appelé pour lui souhaiter. Ma copine a préféré ne rien dire. C'est dommage, elle sait comment j'aurais apprécié qu'elle dise un petit mot, ne serait-ce que "bon anniversaire". Avec tout ça, c'est encore moi qui dépense l'argent. C'est souvent moi. Ça m'énerve. Et puis demain aussi c'est moi qui appelerai : c'est l'anniversaire de son mari.

Le 21 Février 2000

Désert.

J'ai hésité longtemps avant que de venir te voir ce jour, mon journal. C'était pourtant prévu de longue date, mais je ne savais pas comment te présenter les choses. C'est par discussion IRCienne interposée que je me suis décidé. Je voulais l'appeler "pluie", mais en fait, je trouvais ça dommage parce que moi, j'aime bien la pluie, et je voulais conserver ce titre potentiel pour un autre jour. Cependant, le copain qui cherche dans le désert depuis plus d'un an a enfin trouvé un peu de pluie.
En fait il en a bavé des ronds de chapeaux pour faire tomber un peu de pluie dans son désert. J'espère pour lui qu'elle continuera de tomber longtemps, même si pour l'instant elle tombe peu. Je ne suis pas lui et dans son cas je me débrouillerais pour la faire tomber plus. Il commence seulement à apprivoiser la pluie. Ce ne doit pas être un bon faiseur de pluie. Mias le suis-je seulement, moi ? Je crois plutôt que c'est la chance qui fait tomber la pluie, et que tout grand sorcier qu'on soit on ne peut pas faire tomber sa pluie, mais on ne peut arriver à faire tomber qu'une pluie.
Moi je crois que la pluie tombe tout le temps chez moi. Je l'aime, la pluie.

Le 20 Février 2000

Présence.

Aujourd'hui, c'est dimanche. On est resté un peu seuls, ma copine et moi. On discute de nous de notre avenir, des choses qui pourraient nous arriver. En fait on n'ose pas se lancer.
La chose qu'on sait c'est que l'autre nous manque dès qu'on est loin de lui. Moi, je le savais depuis longtemps, mais jamais je n'ai pris le temps de le dire au journal. C'est elle qui en a parlé dimanche. C'est juste une présence de l'autre que l'on veut dans notre voisinage immédiat. Le savoir à portée de main --ou plutôt de pied-- nous rassure. C'est juste ce qu'on veut quand on dit que l'on veut être près de l'autre. C'est le sentir proche de nous physiquement. C'est pouvoir se dire que si on veut un câlin, on se lève, et on va le cherche assez vite. Je pense que c'est aussi ce qu'on veut quand elle est à Épinal, et mois à Nancy. Je pense que c'est ce que doivent se dire le copain qui a trouvé avec sa copine qui est maintenant sur Caen. Ils sont encore plus loins l'un de l'autre que nous ne sommes ma copine et moi. Pas facile tous les jours j'imagine.

Le 19 Février 2000

JavaScript.

Aujourd'hui c'est fait : depuis le temps que je voulais m'acheter un livre sur le JavaScript. Le copain que j'appelle souvent me faisait envie. Alors maintenant je vais pouvoir faire des trucs aussi sur ma page avec des animations et des dialogues avec les gens. Une vraie page dynamique. J'en avais envie. J'ai trouvé deux livres pas chers. C'est ce qui m'a dé'cidé. Il faut dire que je viens de payer le premier tiers prévisionnel des impôts et donc que j'ai moins d'argent à dépenser. Mais là, l'envie était trop forte. J'espère juste avoir le temps de lire les livres pour que ça se voit enfin sur ma page. Je voudrais bien qu'elle bouge plus. Je n'ai pas le temps en ce moment. Et puis c'est ma dernière année de thèse. Il faut que je me presse de trouver des choses nouvelles. Donc je ne trouve pas le temps de faire ma page comme je voudrais qu'elle soit. C'est dommage parce que c'est un truc auquel je tiens. On n'a pas le temps de tout faire. Je repousse toujours le secondaire au surlendemain... qui n'arrive jamais.

Le 18 Février 2000

Sandra.

Je ne pouvait pas m'en empêcher. Il faut bien qu'à un moment je parle d'elle. Ce n'est pas le prénom de ma copine, c'est la chanteuse. De toute façon, ma copine, j'en ai déjà parlé.
L'idée m'est venue en téléphonant hier soir au copain que j'appelle tout le temps. Je ne sais plus comment c'est venu, mais on en est venu à aprler des gens que l'on aimerait rencontrer. Moi j ai pensé presque aussitôt à Sandra. Je ne sais pas pourquoi mais j'aime ses chansons. Même si quelquefois elles sont un peu "techno". Je vais à la fac tous les jours avec mon discman, et j'emporte quelques-uns de mes CD. Ceux qui reviennent le plus sont les siens. J'en étonne même le copain qui a trouvé : "quoi encore du Sandra ?" C'est elle que je voudrais rencontrer.
Je me sens bien quand je l'écoute. À force d'écouter ses cd, j'ai même de la peine à trouver un de ses morceaux moches. Même le dernier sorti avec des remix technoïdes, ça passe.

Le 17 Février 2000

Catch.

Ce soir, je voulais rentrer pas trop tard, mais c'est foutu. Arrivé chez moi à 22h00 passées. Le temps d'appeler ma copine, et hop ! 22h30. J'allume la télé plus par réflexe que par envie, et je zappe. R.T.L.9 : du catch.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai regardé quasiment tous les matchs. Non pas que j'apprécie particulièrement ce sport, mais c'est sûrement en pensant à mon grand-père qui adorait ça --mon père lui enregistrait les matchs sur Canal plus pour lui donner la cassette ensuite-- et à l'autre grand-père que je n'ai pas connu, mais maman m'a toujours dit qu'il aimait ça aussi. Alors dans ces moments --et en ce moment-- je pense à eux.

Le 16 Février 2000

Drôle.

Hier soir, je suis rentré du bureau vers 22h30. En marchant, ça me prend environ 35-40 minutes pour rentrer, si bien que vers 23h00 je me trouvais devant chez le copain qui cherche. Je me dis que depuis le temps que je passe devant chez lui, à un moment, je vais bien finir par le voir rentrer de ses sorties nocturnes. À peine l'avais-je pensé que je le vois en galante compagnie --une première année de DEUG d'Anglais.
On se dit bonjour vite fait. Je lui demande quel film ils étaient allés voir. Il me demande si j'ai mangé. Je lui réponds que non, et comme la fille non plus n'avait pas mangé, il nous invite tous les deux à manger ses restes...
On parle un petit peu. Elle boit un demi-litre de bière. Il a emprunté la voiture de sa mère : il peut me ramener chez moi avant de la raccompagner chez elle --à une heure et demie du centre-ville. Il a bien fait de la raccompagner après moi. Avant de refermer la portière, je lui dis qu'on se reverra sûrement. En le pensant. Je n'aime pas les gens qui disent "au revoir, à la prochaine..." en pensant de toute façon qu'ils ne nous reverront pas.
Aujourd'hui, c'est le jour du badminton. Ce sont mes seules heures de sport de la semaine. Je fais tout le trajet à pied. Ça me permet d'économiser un ticket de bus et aussi de m'échauffer pour ne pas risquer un claquage. J'arrive près de la gare, et au détour d'un regard, je revois la fille de la veille. On parle quelques minutes parce que je suis déjà en retard. La discussion courte se conclut par un : "tu vois, je te l'avais dit qu'on se reverrait". Elle sourit. Je vais au sport.

Le 15 Février 2000

Rêve.

J'ai encore rêvé de ma copine cette nuit. J'était au R.U. et on s'était dit que l'on s'attendrait pour manger. Comme j'étais arrivé le premier j'avais pris mon plateau, et j'étais allé m'asseoir et l'attendre.
Perdant patience, je me suis levé pour aller voir où elle se trouvait dans la queue. Et je l'ai vue avec un de ses anciens camarades de classe --du lycée-- en train de se faire tripoter la poitrine.
Je l'ai appelée ce soir, et le lui ai raconté. Elle n'avait pas décroché le combiné que je l'entendais déjà ronronner. On se parle, se dit des mots doux qui font du bien après un tel rêve. Et on patiente jusqu'au week-end.

Le 11 Février 2000

7h35.

Je me réveille en sursaut. Je crois que ça s'appelle un cauchemar.
Un copain --celui qui téléphone souvent--, ma copine et moi sommes à la maison pour je ne sais trop quelle raison : histoire de se voir un peu. Je raccompagne mon copain jusqu'à la gare. Il doit redescendre dans les Vosges voir ses parents. Ma copine reste seule.
Arrivés à la gare, je lui porte ses affaires dans le train. Sans pouvoir faire quelque chose, les portes se ferment et me voici parti pour les Vosges. Sans billet. Je demande autour de moi quel est le premier arrêt. On me répond par un patelin loin de Nancy. Merde. Et ma copine qui m'attend. Je lui ai dit que j'en avais pour quelques minutes --j'habite a dix minutes tout au plus de la gare de Nancy. Je ne sais pas comment je pourrais la prévenir. J'espère au fond de moi que le gars qui m'a renseigné sur le prochain arrêt se soir planté. Ouf ! le train stoppe à Jarville : banlieue proche de Nancy.
Mais il fait nuit. Il n'y a plus de bus pour rentrer sur la ville. Il y a une fête pas loin. Je m'approche. Je vois quelqu'un avec un talkie-walkie. C'est un des organisateurs. Je lui demande ce qu'il peut faire pour moi quand je vois approcher un handicapé en chaise roulante. C'est un de mes anciens élèves --qui était déjà handicapé à l'époque. On parle quelque minutes : le temps de lui exposer mon problème. Il me prête son portable. J'appelle ma copine chez nous. Elle me répond que je suis "indigeste" (sic!). Elle m'explique qu'elle avait voulu me faire une surprise en préparant un petit dîner rien que pour nous deux. Elle me raccroche au nez.
Je me réveille pour l'appeler. Il est 7h35.
Elle me dit qu'elle n'a pas toujours ce comportement-là (sic!). Elle me rassure par ses mots doux. Elle vient demain au train de 7h30 --donc elle se lèvera pour moi à 6h30. J'aime ces paroles-là le matin au réveil.
Je me lève à 10 heures passées. Je vais arriver au bureau vers 11h30.

Le 10 Février 2000

Comprendre.

Le jeudi, c'est le jour du séminaire de l'équipe de probabilités. Mon prof m'a dit que pour des raisons de présence --et aussi de politique interne-- il fallait que j'y assiste. Mais chaque fois, je m'assoupis.
Sauf hier. L'exposé était fait par un chercheur du labo. Je ne prends pas de notes, par habitude. J'ai toujours l'impression qu'elles ne me serviront pas. Mais hier, j'ai réussi à ne pas dormir, ce qui était déjà un exploit en soi. Mais en plus j'ai suivi l'exposé. Il était clair, précis, pas rébarbatif. Bref un exposé comme il devrait y en avoir plus souvent. Je comprends tout du long de l'heure impartie. À la fin du séminaire, je lui pose une question. Peut-être va-t-il m'aider pour un problème posé par mon prof, et qu'il faudrait que je résolve. Il me dit que le problème n'est pas facile. Je laisse tomber. Je comprends pourquoi. J'aime les maths quand elles sont bien exposées, et lorsque je les comprends.

Le 9 Février 2000

Élèves.

Ça y est, les td ont recommencé. Je retrouve des élèves qui ont toujours le même âge : entre 18 et 20 ans. Je suis le seul à vieillir en enseignant.
Cependant, par les hasards des notations des ensembles de maths, nous tombons sur SNK. Je relève les sourires par un "sans parler de console". Après le cours, un assidu me dit que SNK n'est pas une console mais un éditeur. Il ajoute qu'il est étonné que je connaisse. On parle de console, d'ordinateur, de Nintendo, de la sortie imminente de la Playstation II. Ça me rassure. Je ne suis peut-être pas si vieux que je veux bien le croire...

Le 8 Février 2000

Minou.

Il est mignon le chat noir de la voisine. Ce matin en partant, il y en avait un autre qui le suivait. Ils sont venus me dire bonjour, le copain dans les escaliers à la hauteur de ma tête, le noir dans mes pieds, avec la franche envie de rentrer au chaud chez moi. Alors j'ai vite tiré la porte pour l'en empêcher, mais il insistait. Je ne lui ai jamais fait peur parce que je sais qu'il n'est pas errant, mais de là à le faire rentrer... Il a pris confiance, et il croit maintenant que c'est gagné. Ma copine sera contente : elle pourra l'approcher sans qu'il fuie. Elle aime les chats. Moi je préfère les chiens. Les gros.
Il a continué à tourner autour de moi, à gonfler le dos près de ma porte, le long de mes jambes. Il voulait une caresse, alors je lui en ai donné une. Je vais faire envie ma copine ce soir en lui racontant ça. Et puis il en redemandait. Un vrai chat.

Le 6 Février 2000

Rue.

Ce soir, je suis allé chez un copain. Une fois n'est pas coutume. D'habitude, c'est lui qui passe, parce que chez moi il y a la console. Ce soir, on a parlé bande-dessinées, et aussi de musique : comment notre groupe devait évoluer, quelle musique devrait-on jouer de préférence. Ce fut une soirée reposante.
C'est en rentrant que je me suis aperçu que c'était une belle journé. En rentrant de chez lui je passe rue des IV Églises -- la mienne. Il était pas tout à fait minuit. La rue était calme : pas de voitures, pas de phares, pas de bruit, pas de stupides mobylettes bruyantes. Non ! rien de tout ça. Juste le bal des feux rouges. Et la rue est longue... Je me suis arrêté en plein milieu, juste à côté de chez moi. J'avais le baladeur offert par ma copine à Noël qui jouait du M. Farmer. L'album "Anamorphosée". Je viens de lire la definition de ce mot. Je comprends.
En fait peut-être que rien n'est un hasard ?

Le 3 Février 2000

Poste.

Le copain que j'appelle souvent a démissionné de son poste à la Poste. Il s'est fait gueuler dessus je crois, par des hommes un peu saouls. Je ne veux rien dire de plus sur lui en tant que tel, si ce n'est que c'est un rare bonheur de voir les gens heureux. Je crois que lui l'est redevenu. Il avait envie depuis longtemps de quitter la Poste. Juste, ça s'est fait plus vite qu'il ne le pensait. Ou alors je me trompe. Enfin. Le soir quand on s'appelle, je l'entends revivre, me disant ce qu'il a pu faire de ses journées, à lire ses livres qu'il a pu accumuler grâce à l'argent que la Poste lui a fourni durant ces presque deux années. Maintenant, il sait qu'il a le temps. Il me dit souvent qu'il va mieux. Je veux bien le croire rien qu'à l'entendre. Il prend le temps de lire, de programmer, il va enfin avoir le temps de faire un site web comme il le veut. Je suis impatient de savoir comment il va évoluer. Surtout qu'il va rentrer en Licence de Lettres á la rentrée et que ça risque de faire mal. Je crois en lui. Je ne sais pas pourquoi. C'est comme le copain qui fait assistant social. Je crois sincèrement que le social c'est son truc. Même si sa copine semble peu apprécier. Moi, je sais que ma copine me laisserait partir si l'occasion se présentait. Je ne sais pas si j'aurais le courage de partir loin d'elle... Déjà qu'à une heure de train je trouve de plus en plus de difficultés à le vivre.

Le 2 Février 2000

Drogue.

Aujourd'hui, c'est la chandeleur : le jour des crêpes, sans tomber sous le joug des Traditions.
J'ai reçu un copain.. et sa copine chez moi. Ça s'est bien passe mais il y avait une grande absente.
Depuis quelques temps, c'est de plus en plus difficile de rester la semaine sans elle. Elle me manque à tout moment : le matin pour déjeuner ensemble, le soir quand je rentre du bureau. Je m'habitue à elle le week-end, lorsqu'elle vient, et le dimanche je me retrouve de nouveau seul. L'automne dernier, je parvenais à échapper à cette solitude en invitant les copains à venir voir "Urgences" chez moi. On bouffait des pâtes, et ils repartaient après une partie de jeux vidéo. À cette époque, j'arrivais encore à supporter ce vide ambiant la semaine, disons 5 jours, juste le temps qu'on se retrouve, mais depuis un mois, dès le lundi soir, elle me manque. Je sais que c'est méchant, mais ça a un côtérassurant : elle a les mêmes manques que moi. Je crois de plus en plus à notre avenir commun, même si une monotonie s'installe dans les semaines. Ça va être les vacances de février. Le commun va changer. Je l'aurai tous les jours quand je rentrerai. Plus tôt par conséquent.
J'aime être près d'elle, à se réconforter l'un l'autre chaque fois qu'on en éprouve le besoin.
Je pense aussi à mon copain qui est seul chaque soir, malgré ses sorties de plus en plus nombreuses...