Le 31 Janvier 2000

25.

Je ne sais pas pourquoi, la journée avait mal commencé. Juste une envie de rien faire, avec ces maths qui n'avancent toujours pas. Peut-être qu'en fait elles avancent mais je ne m'en rends pas compte, et surtout, je voudrais qu'elles avancent un peu plus vite.
J'ai mangé avec un copain --l'autre étant parti voir sa Belle. Ça m'a redonné le moral. C'est allé mieux par la suite.
Aujourd'hui, je viens d'avoir 25 ans. Donc j'entame ma vingt-sixième année. Je glisse du mauvais côté... ma copine me sert de rambarde : je m'aggrippe à elle.
Je pense à mes parents qui l'étaient depuis trois ans déjà, presque quatre pour mon père. Je pense que moi, je ne le suis toujours pas et que ce n'est pas pour maintenant... Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas dire si ça me manque, sachant pertinement que si ça devait se faire -- et de toute façon, ça se fera-- je ne suis pas encore prêt à supporter les cris. Je voudrais qu'il ait déjà 3-4 ans. Le moment où il s'intéresse. Le moment idéal pour commencer à apprendre. Ce sera le plus intelligent, plus que ses parents réunis. Mais voilà je reste avec mes maths, et seulement le week-end dans les bras de sa mère.
"Les temps changent"...

Le 28 Janvier 2000

Pardon.

Aujourd'hui, comme tous les matins, j'ai pris le bus pour venir au bureau. C'est curieux comme il y avait plein de monde.
Enfin. Aussitôt monté, je repère les gens qui montent : une belle Noire avec des lunettes à montures noires. Grande, belle. Je vois aussi la vieille arabe qui presse la Noire. Elle pousse, et repousse encore. La Noire n'a pas son ticket, et l'autre, si. Je souris de la situation. La vieille arrive près de moi. Elle me pousse aussi. Ça doit être son truc, de pousser les gens pour passer. Peut-être aime-t-elle le contact avec les gens ? Enfin, elle passe et la Noire arrive à ma ha Les jours défilent uteur. Je parle fort --avec le baladeur, je ne peux pas faire autrement, les copains me l'ont déjà dit-- "elle sait pas dire Pardon celle-là ?". La Noire me sussure un "non" amusé.
Plus tard dans le trajet, alors que la Noire est sortie depuis longtemps, un vieux --disons une grosse cinquantaine d'années-- me bouscule, alors que je suis assis. Lui aussi, il pourrait dire pardon. Mais non, il passe comme si c'était normal que les "jeunes" disent pardon et que eux en soient exemptés. Ils m'énervent.
Pour que les autres te respectent, respecte-toi toi-même, pour que les autres t'aiment, aime-toi toi-même... a dit Bouddha.

Le 20 Janvier 2000

Tabac.

Je voulais parler de ça depuis longtemps. Mais parler à mon journal ne m'inspirait pas ces jours-ci. Alors que là j'en ai presque envie. Je ne sais pas d'où ça vient.
Ai-je déjà dit que je n'aimais pas le tabac ? Non, alors voilà, c'est dit.
Ce matin, comme tous les jeudis matin, on avait groupe de travail et séminaire. Le groupe de travail se passe bien, et arrive vite la pause de 10h00. Vers 10h30 tout le monde rentre à nouveau dans la salle pour "écouter" l'exposant. Je me suis assis en premier parce que je suis arrivé en avance. Si bien que les derniers se mettent là où il y a de la place : à côté de moi. Mais au bout de quelques secondes, son odeur de tabac refroidi parvient à mon nez. Je réfléchis quelques instant, me tâtonne pour savoir si je vais aller écouter l'exposant ailleurs dans la salle. Je ne sais pas. Je respire, et son odeur se fait de plus en plus désagréable. J'hésite vriament. Si il se doute que c'est à cause de ça, ça ne va pas faciliter mes relations avec lui ! Tant pis pour les relations, au bout de 2-3 minutes je vais à l'opposé dans la salle...
Ah ! Là on respire. Je m'endors...

Le 13 Janvier 2000

Angoisse.

Hier soir, j'ai passé des coups de fil un peu partout. Déjà, ma copine m'a appelé pendant 20 minutes. Ensuite j'ai appelé un copain. Puis j'ai mangé un peu.
Vers 22h00 j'ai appelé maman. Longues sonneries --plus de 4-- je trouve ça bizarre. Ensuite c'est mon beau-père qui répond : encore plus bizarre. Il me dit qu'il me passe ma mère. Je patiente et j'entends rien. Elle pleure au téléphone. J'aime pas quand elle pleure. Je me demande qui est mort dans la journée. Elle parle mais je ne comprends rien :
-Allô ?
-Jamin... SAMU...
-...
-Angoisse... Médecin...
-Maman, je comprends rien --je semble me fâcher un peu. Je m'impatiente.
Ma mère se reprend. Elle se calme et elle m'explique que mardi dernier elle a fait une crise d'angoisse --probablement en rentrant au Havre-- Je m'inquiète un peu, mais essaye de ne pas le laisser transparaître. Elle me dit que le médecin n'était pas là. Alors ils ont appelé le SAMU pour la soigner. Elle a fait une crise d'angoisse, pensant que je ne pense plus à elle, qu'elle ne compte plus pour moi. Juste, à maman, je ne dis jamais rien. Tout se passe par silences, ou par complicité des regards, des paroles, des humeurs. Elle me dit ensuite qu'elle a rechuté le vendredi. Là je me demande si je vais devoir aller au Havre. Je n'en ai pas envie, mais j'aurais fait l'effort. On discute une heure au téléphone. C'est la première fois que je l'appelle autant de temps. On parle des choses, je la rassure tant que je peux sur le fait que c'est maman, et qu'elle compte, mais que je ne le lui dis pas. Je lui dis que mémère est pareille. Elles s'inquiètent pour rien. Je ne lui dis pas mais il faut qu'elle comprenne que je mène ma vie. Je n'aime pas dire ça mais il faudra qu'elle comprenne. Et moi, aller au Havre, c'est loin. C'est beaucoup d'énergie pour rien. je ne sais pas quoi faire. En plus je suis dans ma troisième année de thèse et ça commence à se préciser. Il faut que je finisse. J'ai plein de choses à faire encore. Les résultats trouvés ne me satisfont pas. Je voudrais faire plus. Et puis il y a tous les à-côtés. Elle me dit que ma copine compte plus, que sa mère compte plus. Je lui dis qu'elle est à fond. La mère de ma copine compte quand même moins que la mienne. Elle a du mal à l'imaginer. Je repense à Pépère qui avait aussi des difficultés à dire ce qu'il ressentait. J'explique à maman que je n'aime pas parler. Sauf peut-être avec ma copine, le copain avec qui je parle beaucoup au téléphone et puis c'est tout. Et encore. Je lui dis que je préfère parler à mon journal. C'est ce que je fais en ce moment. Je le fais ce matin. Je sèche le séminaire de l'équipe de probabilités pour venir écrire. Je me sens mieux. Ça va mieux. Je vais peut-être l'appeler du bureau tout de suite. Je ne sais pas si je dois. J'hésite. Je crois que je vais le faire. En plus mon anniversaire approche. Un quart de siècle. Ça marque. Je ne sais pas comment elle va réagir.
Je tâcherai d'aller au Havre pour son anniversaire dans 5 semaines.

Le 12 Janvier 2000

Ennui.

Hier soir, je n'ai pas fait grand chose. À un moment il faudra quand même que je travaille un peu pendant l'absence de mon prof.
J'étais sur irc en train de discuter avec un gars qui disait qui s'ennuyait. Je lui ai dit alors incidemment d'aller voir ma page web. Mon journal en particulier. Il y est allé, et là, il a tout lu : les 4 mois de journal déjà écrits. Il me critiquait en direct sur irc, faisant des remarques sur mon style, ce qu'il y aimait et ce qu'il n'aimait pas --entre autres, il m'a parlé d' "ellipses", j'ai compris ça comme "je passe trop du coq à l'âne"--. Ça l'a occupé une bonne partie de la fin de l'après-midi. Il a donc trouvé un palliatif à son ennui. Au moins pour hier...
Il m'a promis de corriger mes fautes de frappe, et celles de grammaire que je fais malgré moi lorsque je tape vite, ou que je tape beaucoup. Je lui ai donné mon mail.
Aujourd'hui, le lendemain de cette discussion, j'attends toujours son mail.

Le 11 Janvier 2000

Mains.

Comme d'habitude, le soir avant d'aller au lit, je me lave les mains avec le savon. Et c'est drôle, mais j'ai pensé à mon grand-père. Parce que je me souviens que quand j'étais petit, on se lavait les mains ensemble, l'un à côté de l'autre. Moi avec mes petites mains de garçon de 3-4 ans, et lui avec ses mains d'agriculteur, ses mains qui portent les bottes de foin d'une vingtaine de kilos à bout de bras. Il me disait qu'il fallait bien se les laver, avant d'aller manger. Moi, je disais "aller se laver les pattes" et lui me corrigeait. Il fallait bien savonner, et puis tourner les mains l'une dans l'autre, le dedans, le derrière, les doigts, un par un --ça je ne le fais que quand elles sont très sales-- et aussi de durer un certain temps, alors que moi je frottais les paumes l'une contre l'autre, et je pensais que ça suffisait, vu que seul l'intérieur compte... Ça l'amusait. J'étais aussi pressé pour être le premier à me servir de la serviette.
Maintenant, tous les soirs quand je me lave les mains je répète ces mêmes gestes.

Le 10 Janvier 2000

Chien.

Hier, en rentrant d'Épinal, j'arrive chez moi. Et juste avant de rentrer, je vois un mec qui regarde autour de lui. On dirait qu'il surveille. Je me dis que lui il est en train de regarder si l'endroit est tranquille pour pouvoir uriner sans que personne ne le voie. Je continue mon chemin, mais par curiosité --et aussi pour tester ma perspicacité-- je reviens sur mes pas le surveiller : ça ne manque pas. Il pissait bien tranquillement sur le trottoir, dans une des rues les plus passantes de Nancy vers 20h00. Il ne s'en faisait pas. Déjà l'autre jour, j'en ai surpris un en train de faire devant chez moi. Les hommes deviennent des chiens. Ils me répugnent.

Le 9 Janvier 2000

Vitre.

Je suis allé à Épinal pour le week-end. En fait je suis parti samedi soir de Nancy, et je suis revenu le lendemain. Sur le quai de la gare dans les Vosges, il y avait pas mal de monde, et en plus il pleuvait. Le train est arrivé avec 6 voitures : c'est la première fois qu'il était aussi long. J'avais dit --et fait-- au revoir à ma copine bien avant de monter dans la voiture, mais je suis monté dans le train le plus loin possible d'où on était. Elle n'a pas pu me suivre, puis ne m'a pas vu monter dedans. Je l'ai loupée pour lui faire un ultime baiser. Avec l'éloignement de la dernière voiture, quand je suis arrivé à sa hauteur, le train allait déjà vite. J'ai toqué à la vitre. Elle ne m'a pas entendu.
Aussitôt arrivé à Nancy, je l'ai appelée. Je lui raconte pourquoi on s'est loupé au départ. Elle comprend, elle n'en tient pas compte. On se raccroche après les mots doux.

Le 1 Janvier 2000

An.

Juste un moment pour dire que ce n'est pas le début du siècle nouveau, mais juste que je rentre dans la dernière année de ce dernier. Voilà. Pour moi, c'est juste une petite revanche sur les gens du monde qui veulent à tout prix que ce soit le nouveau millénaire. C'est drôle, d'habitude je ne cherche pas à prendre une revanche sur quelqu'un ou quelque chose. Je dois vieillir...