Le 29 juillet 2000

Cousine.

Bon, j'essaie de recoller avec ma cousine. On habite la même ville (enfin disons la même région) et on ne se voit jamais. Elle est venue une fois manger chez moi. Depuis, plus rien. Bon, c'est vrai que je lui avait dit que je passerais chez elle avec un copain un soir pour y manger.
Hier, c'était son anniversaire. Elle attrape 27 ans, et toujours célibataire... Je l'appelle donc en fin d'après-midi pour le lui souhaiter. Je sais presque d'avance qu'elle ne va pas répondre. Je ne sais pas pourquoi... Je pense qu'elle filtre les appels avec son répondeur. Ça sonne. Ça décroche :
-Vous êtes bien au ??, vous pouvez me joindre sur mon portable au...
Hors de question que je dépense de l'argent en sus pour laisser un message sur son portable. Ça ne fait rien. Je la rappellerai peut-être une fois un autre jour pour essayer de renouer, et si ça ne marche pas je laisserai tomber. On arrive trés bien à vivre sans se voir depuis le mois d'octobre.

Le 28 Juillet 2000

Sandwichs.

Le copain avec qui on doit manger les midis est arrivé vers 13h30 au bureau. Il prend contact assez vite avec moi pour savoir si on mange bien ensemble. Je lui dit que oui. Il va voir à la cafétéria de son labo si il y a toujours des sandwiches. Évidemment tout a été mangé. Ma copine précise aussi que la cafét' en ville est fermée. On décide d'attendre un petit peu.
Vers 15h00 ma copine me dit :
-J'ai faim.
Je fais un mél au copain lui disant que "le chef" a ordonné. J'ai aussi entre-temps des problèmes avec ma boîte à messages électroniques. Il vient en bas du labo et sonne pour que je vienne lui ouvrir. Je lui explique mes déboires avec l'informatique. Il comprend, et demande si il doit monter faire quelque chose. Bien sûr. Mais ma copine a trop faim. On part en ville à la recherche de quelque chose.
Le "Match" n'est pas loin. On prend un paquet de fromage prédécoupé-prétranché, aussi du pâté et du pain. On rentre au bout de vingt bonnes minutes.
-Ça fait du bien de manger ? demande-je à ma copine.
Elle me dit qu'elle n'a plus très faim...
On pique-nique dans mon bureau, avec les baguettes et la bouffe acheté, la bouteille d'eau qui commence à verdir, et les miettes de pain qu'on s'envoie au visage. Je me sers de l'Opinel de mon grand-père et mon copain de ma paire de ciseaux pour couper sa baguette. Il se fout de moi car je prends plus de temps que lui.
Un bon repas pour pas cher.
Ma copine a fini de taper les cours pour le prof des Mines. Je la verrai moins souvent avec moi maintenant...

Le 27 Juillet 2000

Girardot.

Samedi, un copain est venu à la maison pour me rendre des livres --entre autres. Et puis il s'est installé pour faire un "Mario Kart" sur console. Ma copine était là, et la soirée s'annonçait bonne.
On discutait comme toujours de choses et d'autres, racontant surtout pas mal de conneries, jusqu'au moment où il me dit :
-C'est Annie Girardot qui double Dark Vador !
Je me tourne vers lui, l'oeil brillant, le sourire, et lui demande :
-Ah oui ?
Il prend un air décontenancé.
-Non, tu crois pas ça quand même ?
-...
Ma copine se met à rire aux éclats, et lui aussi par conséquent. Je ris aussi, démarrant tardivement. Je prends conscience de ce que je viens de dire.
Depuis ce jour, tous les jours, au téléphone, par mél, par fichier image interposé, il me rappelle comment j'ai été crédule samedi dernier. Il a poussé le vice jusqu'à trouver une image de Dark Vador sur le web et une d'Annie Girardot pour faire un montage photographique. Ça lui a tellement plu qu'il a recommencé.
J'ai réussi à lui faire comprendre que tout le temps, ça devenait lourd. Mais je lui ai demandé cependant de me le rappeler de temps à autres...

Le 26 Juillet 2000

11.

Eh oui, ça fait exactement onze jours que je n'ai pas bougé ce journal. C'est dû à un peu de flemme, et peu de travail, un peu de non-envie, et aussi au fait que ma copine est chez moi depuis longtemps. Mais je crois que la page devient pas mal visitée. Alors je crois qu'aujourd'hui je m'efforce de le remplir, pour ne pas décevoir les gens qui viennent de temps en temps, et aussi ceux qui viennent accessoirement. Si ils voient que la page bouge pas mal ils reviendront, alors que si la page est remplie une fois par mois, ils ne reviendront pas. Une sorte de fidélisation du lectorat. Il faudrait que je me remette à écrire le feuilleton que je m'étais promis sur le web. Je manque de temps et d'idées. Je vais commencer par faire moins de trous entre les mises à jour de ma page. En plus je perds la mémoire... Elle est étonnament bien revenue pour ces dix derniers jours.

Le 25 Juillet 2000

Dessous.

Ma copine tape toujours les exercices pour l'École des Mines. Elle se fixe un planning pour la journée et essaie de le respecter ensuite.
Le copain avec qui je rentre souvent est revenu de son École d'été. Alors on rentre ensemble le soir, suivant les dispositions de chacun. Vers 19h00 aujourd'hui, on commence tous les deux par mail à parler d'un retour dans nos pénates. Ma copine ne l'entend pas de cette oreille : il lui reste pas mal de pages à taper. Alors tous les deux mon copain et moi on commence d'autres occupations. Il essaie de comprendre un programme java, et moi je continue la rédaction de ma thèse. J'en suis au deuxième chapitre. Je suis content de certaines parties et moins d'autres. Ça va me demander encore pas mal de travail. Je ne sais pas si j'en serai capable...
Vers 21h00, alors que le ciel s'est couvert de manière alarmante, on décide tous les trois de rentrer. Je prends mon vélo. Il pleut dehors. Mais tant pis, on a décidé de rentrer. Le copain et ma copine ont un parapluie. Comme je ne vais pas vite, les pneus ne m'envoient pas d'eau dans le visage. Mais je reste plus longtemps sous la pluie.
Au bout de 5 minutes, je gueule dans la rue qu'il faudrait que ça redouble un peu parce que je trouve qu'il ne pleut pas assez et qu'on ne rentrera pas totalement mouillé.
Mon voeu est exaucé. Les manches de mon sweet-shirt sont transparentes. Ma copine a son gilet trempé. Le copain commence à râler --sur un ton plaisantin-- :
-J'ai bien fait de vous attendre pour rentrer. Je voulais rentrer tout à l'heure quand il ne pleuvait pas encore, et je me suis dit : "c'est con, autant attendre qu'il pleuve bien pour rentrer".
Nous rigolons tous les trois. Nous sommes au plus fort de l'averse, en pleine rue, entourés par des maisons à jardins. Pas moyen de se mettre à l'abri avant une bonne centaine de mètres. Le débit d'eau augmente encore. On se trouve au plus fort de l'averse près de l'entrée d'un immeuble. On plaisante sur le temps. Il dit qu'il ferait mieux de retourner dans le Gers, à son école d'été.
Ça se calme enfin. On rentre tous chez soi. On prend une douche en arrivant, puisque nous n'avions pas pu la prendre dehors. Je fais un essai de soupe avec le reste du jus du petit salé de dimanche. Ça fait du bien. Je suis sûr qu'on évitele rhume grâce à ç.

Le 23 Juillet 2000

Lentilles.

Je dois faire un nouveau plat ce dimanche. Je regarde dans le livre de recettes pour faire quelque chose de pas difficile et qui ne demande pas énormément de fonds. Je m'arrête sur le sauté de veau, mais en dernier recours ma copine me dit qu'elle a une forte envie de lentilles. Alors je lui concède le choix du plat : un petit salé aux lentilles.
J'ai fait mes courses hier. Ça va, ça ne me coûte pas très cher. Surtout que la recette est prévue pour 6 personnes, et que je vais la faire pour deux.
Elle me laisse tranquille une partie de la journée parce qu'elle est partie rechercher son courrier sur Épinal. Je commence à préparer le plat vers midi. Il sera prêt vers 17h00. 5 heures pour faire à manger et ce sera englouti en quelques minutes. Je commence à comprendre maman qui disait ça lorsque j'étais au Havre. Elle passait souvent une à deux heures à faire à manger, et son mari et moi mangions le tout en dix minutes montre en main.
Elle est revenue vers 17h15 chez moi. Le repas était prêt depuis quelques minutes. Mon plat était divin. Je suis content, j'ai réussi à faire un autre plat. La semaine dernière, c'était le rôti de veau. On a regardé "la fièvre du samedi soir" en mangeant --et aussi après. C'est un film que je voulais voir depuis longtemps. Surtout à cause de la musique des Bee Gees et de la contorsion de Travolta. C'est un film sans prétention je pense. J'ai même dit à ma copine qu'il y avait des ressemblances avec "il était une fois le Bronx". Enfin... Elle, peu importe la qualité du film. Si il y a un mort, elle pleure. J'arrive même à deviner quand est-ce que ça va arriver maintenant.

Le 22 Juillet 2000

Poste.

C'est à cause de ces gens de la Poste qui ne font pas attention que ma copine va devoir retrourner à Épinal demain pour aller rechercher le courrier de sa soeur qui y est parti. En effet, elle a fait un changement d'adresse l'année dernière de son logement de Nancy, pour celui d'Épinal. Ce qu'il y avait, c'est que sa soeur et elle habitaient le même immeuble, et que le changement d'adresse ne concernait qu'une de deux. Les gens de la Poste croient donc renvoyer le courrier de ma copine alors qu'à chaque fois il s'agit bien du courrier de sa soeur. Ça fera la deuxième fois demain qu'elle retourne dans son logement pour cette raison. Heureusement, cette fois sa soeur a consenti à lui payer la moitié de son voyage.

Le 20 Juillet 2000

Autorisation.

Le père de ma copine a appelé chez moi aujourd'hui. Il voulait parler à sa fille, prendre de ses nouvelles. Comme à notre habitude pour les coups de fil, on s'éloigne de la pièce principale pour laisser l'autre tranquille avec son interlocuteur. Je n'entends pas tout ce qu'elle dit.
Elle revient au bout d'un quart d'heure :
-T'es content hein ?
-Pourquoi ça ?
-Parce que mon père a dit que je pouvais venir habiter chez toi l'an prochain. Mais le déménagement ne se fera qu'après le 8 août, quand ma mère sera repartie en Martinique.
-Parce que tu n'es pas assez grande pour prendre la décision toi-même ? Mais je suis content quand même. On va arriver à se supporter l'un lautre ?
Suite aux prochains épisodes.

Le 19 Juillet 2000

Tramway.

Le jour de la fête nationale, un copain et moi nous étions demandé à quoi pouvaient bien servir les traverses de bois sous les rails du tramway que la municipalité de Nancy est en train de faire installer.
Aujourd'hui, je suis allé chez le coiffeur. La chaleur de l'été aidant --mais pas en ce moment sur Nancy.
En rentrant, je me suis attardé devant les gens qui travaillaient sur le chantier du tramway. Je les ai regardés un bon moment. Un des ouvriers a commencé à me remarquer. Il vissait de longs boulons dans le vide, avant que la bétonneuse arrive. La conversation s'est vite instaurée. Je lui ai demandé si les traverses de bois servaient bien à empêcher les rails de s'enfoncer dans le béton. Il me l'a affirmé. Voyant que le contact marchait, je lui ai aussi demandé pourquoi il vissait dans le vide. Il m'a dit que c'étaient de faux boulons. Ils sont la pour être retirés lorsque le ciment sera pris. Alors ils en mettront qui dureront une vie. Je lui ai répondu qu'il vaudrait mieux que ça tienne même un peu plus.

Le 18 Juillet 2000

Collaborer.

Aujourd'hui, et c'est prévu depuis hier, je dois travailler sur un chapitre de ma thèse avec un collègue thésard de l'équipe.
C'est ce qui se fait pendant plus de deux heures. On joint nos connaissances pour essayer d'aboutir à quelque chose d'indiscutable. On y parvient non sans mal.
Je ne comprends toujours pas pourquoi mon prof ne m'a jamais incité à travailler en collaboration avec d'autres personnes. Peut-être qu'il craint que je ne me disperse dans ma recherche. J'ai vu sur les panneaux de vie du labo que l'année prochaine verrait l'arrivée de deux personnes qui travaillent un peu sur les E.D.P.S. qui sont mon sujet. La collaboration va peut-être se développer. Surtout que je ne serai pas loin de soutenir. L'avantage, c'est qu'il y en a toujours un qui a une idée, même mauvaise, elle peut entraîner chez l'autre un bonne idée. Ça devient très vivant la recherche dans ces conditions. Ça change de se retrouver seul devant sa feuille à mâchouiller son stylo.

Le 17 Juillet 2000

LaTeX.

C'est le nom du logiciel qui me permet de taper ma thèse, et aussi qui sert pour taper les articles et les cours, livres de mathématiques --entre autres.
Un maître de conférences de l'École des Mines m'a demandé il y a plusieurs mois de taper des cours, des exercices et leur corrections. Il est revenu la semaine dernière pour me demander si j'étais toujours partant pour continuer à lui taper ses trucs. Je lui ai dit "non" sous prétexte que je n'avais pas le temps. En plus il me dit que c'est pour une vingtaine de pages. Je me suis méfié : pour ses cours il m'avait dit une centaine, et je me suis retrouvé à taper 200 pages.
Par contre j'en ai parlé à ma copine, qui a dit "oui". Parce que ça allait lui apprendre le LaTeX, et que c'est toujours ça de pris sur un cv, et aussi parce que c'est rémunéré.
Alors toute la semaine elle est venue au bureau pour taper du LaTeX.

Le 15 Juillet 2000

Choc.

Le fameux jour est arrivé : ma copine est enfin allée se faire couper les cheveux. J'en ai profité pour voir des copains, et les inviter chez moi. Comme ça, ça ne la dérange pas.
Le dernier est parti vers 20h30. Elle n'était toujours pas rentrée. Je commençait à m'inquiéter. Il faut trois heures pour rentrer de Paris en train. Si elle veut arriver vers 20h30, il faut partir vers 17h30. Je cherche les horaires de train pour extrapoler sur le train qu'elle et sa soeur ont pu prendre. Je crois qu'elles ne prendront que le suivant. Il arrive après neuf heures et demie.
Je lis un peu en les attendant. Elles arrivent à l'heure supposée. Je suis assez marqué par la nouvelle coupe : tout court, tout court. Ça change pas mal. Je ne sais pas trop quoi dire pour l'instant. Je leur précise cependant qu'elles auraient pu appeler. J'invite sa soeur à manger les crêpes. Elle décline l'offre.
On s'explique nos journées mutuelles. Et on épilogue sur la coiffure. Je lui explique que je comprends maintenant pourquoi elle m'en a tant parlé les semaines passés. C'est une décision difficile à prendre parce que ça lui a fait un changement radical dans son visage. Le pire choc, je crois que ça a été lorsqu'elle m'a montré son scalp : tous ses longs cheveux regroupés dans un sac plastique, s'étant amalgamés avec le transport. Je ne me lasse pas encore de lui caresser la tête depuis ce temps...

Le 14 Juillet 2000

Taboulé.

Ça faisait longtemps que je n'en avais pas mangé. Et puis appeler ce jour "artifice" aurait été trop téléphoné. C'est un copain qui le fait, mais on l'a mangé chez moi, parce que c'est plus facile pour nous deux ma copine. On est proche du centre-ville, où se passe le spectacle du 14 juillet. Surtout qu'il pleut pas mal en ce moment sur Nancy. Ils viennent et tout se passe bien. On se rend ensemble place Stanislas pour le spectacle. On s'asseoit à la terrasse d'un troquet avec l'intention de consommer. Malheureusement la serveuse ne l'entend pas de cette oreille et on patiente près d'une demi-heure... pour enfin s'en aller sans consommer.
Le spectacle consiste en des jets d'eau orchestrés par de la musique classique ou moderne, et éclairés par du Laser. Puis viennent les feux d'artifice. Moi, j'aime bien ça. C'est d'ailleurs ce que j'aurais voulu faire si j'avais eu le courage de poursuivre en prépa : devenir artificier, ou créateur de feux d'artifice. La prépa a eu raison de moi. J'avais quand même essayé de poursuivre dans la voie "chimie" en deug, mais le cours a très vite viré math, alors c'est entre autres ce qui m'a décidé à en faire plus longtemps.
Nous sommes tous rentrés pas trop tard, parce que ma copine partait pour Paris le lendemain à 7 heures du matin. On s'est couché vers 1h30.

Le 11 Juillet 2000

Croisement.

Hier j'ai croisé dans le bus un prof de l'Institut. J'ai attendu qu'il m'adresse la parole pour ne pas avoir l'air de vouloir discuter avec lui surtout s'il n'en avait pas envie. Il est venu près de moi. On a commencé à parler un peu du bureau. Puis, comme je l'ai aidé un peu dans la réalisation de sa page web, on a parlé de nos pages respectives --surtout de la mienne.
Il me demandait si je la faisais toujours, en insistant sur le fait qu'elle bougeait presque tous les jours. Je lui dis que non, mais il insista en parlant du journal. Je lui ai dit qu'il n'était plus sur ma homepage, mais ailleurs sur le web. On a discuté des raisons qui m'avaient poussé à enlever le journal de ma page officielle. On a parlé durant tout le voyage en bus. Il en a même oublié son arrêt. Il a insisté gentiment pour que je lui donne la nouvelle adresse du journal. Je lui ai donné en précisant bien --au besoin en étant assez "lourd"-- de ne pas la divulguer dans le bâtiment de maths. Il a compris mes raisons, et ne le fera pas, j'espère. À l'arrêt, on a aussi commencé à parler, sous la pluie, de littérature. J'ai appris que c'était un passionné de Proust, entre autres. Je lui ai parlé de ce que je lisais et de ma passion pour Amélie Nothomb. Je lui ai promis que je lui enverrais l'adresse de mon journal et aussi que je lui prêterais un roman d'elle. La journée avait bien démarré.
Elle s'est bien terminée puisque j'ai fait une partie de "Zelda" chez un copain, en gagnant une nouvelle fois, au bout d'un an de non-pratique.

Le 10 Juillet 2000

Demoiselle.

Je suis invité, en tant que témoin, au mariage de la fille de la femme de mon père.
Elle appelle ce matin, me demandant si ma copine est là. Je la lui passe. Je prends aussi l'écouteur --c'est un vieux combiné dans la chambre. Elle lui demande si elle veut bien être sa demoiselle d'honneur. Elle répond "oui". Je biche intérieurement. Elle ne peut plus se désister pour ne pas m'accompagner...

Le 9 Juillet 2000

Réflexion.

Je dois partir demain pour Paris, pour passer la CAPES après-demain midi. Je ne suis pas très chaud pour y aller, seul, laissant ma copine ici. Surtout qu'elle doit y aller à la fin de la semaine. Je n'ai pas envie d'y aller. Je suis en train de rédiger ma thèse --ou plutôt un chapitre-- et je ne voudrais pas interrompre mon travail pendant une semaine. Mon prof m'a autorisé à y aller. On y réfléchit toute la soirée avec ma copine. Mon collègue de bureau et elle pensent que je devrais y aller : je n'ai rien à perdre à part les 500 balles que je pourrais dépenser pour survivre. Mais j'irais chez un copain de toute façon.
Elle commence la vaisselle, et me dit de dire les "pour" et les "contre". J'énumère :
-le fait de présenter devant un jury, c'est bon pour ma soutenannce de thèse ;
-aller à Paris ;
-acquérir de l'expérience...
Et puis une liste de deux pages de "contre". J'éxagère un peu, mais c'est l'idée. L'essentielle étant que je ne veux pas aller à Paris. Dans le lit, je réfléchis encore un peu. Je décide d'y aller.
Je me lève le lendemain en hésitant encore un peu. Je ne sais plus quoi faire. J'appelle un copain. Il me dit lui aussi que je dois y aller. Je lui expose les faits. Il comprend mon envie de ne pas y aller. Surtout si c'est pour me faire descendre en flèche par le jury. Je n'ai rien révisé. J'aurais bien demandé à maman, mais elle n'y connaît rien. Elle ne va pas comprendre mes arguments pour ne pas y aller.
Je reste sur Nancy. Je travaille tout l'après-midi avec ma copine chez moi. Je vois que c'est possible de travailler chez moi, malgré l'absence de matériel et de la bibliothèque... Elle est contente que je reste auprès d'elle.

Le 8 Juillet 2000

Frère(s).

Mémère m'appelle vers 13h00. Ce n'est pas son habitude, je me demande ce qui se passe. Elle appelle souvent chez moi, puisque d'habitude elle appelle ma copine, mais en ce moment elle est chez moi. Elle me dit que son frère est mort. Je ne le connaissais pas. Je ne suis pas triste, mais on parle de sa veuve, et on en vient à parler d'elle et de mon grand-père. On parle de lui, de l'ancien temps, de ce qu'ils faisaient, et aussi du fait qu'elles pourront maintenant partager ces moments.
Il est mort dans la rue. En tombant près de sa mobylette. Il va faire des courses ; sa femme le rejoint. Elle le quitte pour quelqwues minute,s le temps qu'il fasse une autre course. Il ne se sent pas bien. Il descend de son véhicule pour ne pas gêner. Il traverse et tombe. Samu, hôpital, prévenir sa femme. Elle n'y croit pas.
Mon père arrive chez elle. Elle me le passe. Il me dit qu'il me rappellera. On doit aussi parler de mon frère et de ce qu'il va faire ensuite. Il ne veut plus retourner à l'école. Je ne sais pas ce qu'il va faire, mais le faire embaucher à l'usine ne me paraît pas une si mauvaise idée. Je dois y aller bientôt. Papa dit que je saurai mieux le convaincre que lui et sa femme. Une question de génération selon eux. Je ne sais pas quand je vais pouvoir y aller.

Le 4 Juillet 2000

Mac.

Ma copine voulait désespérément un ordinateur à la maison. J'ai demandé à un copain de me prêter un de ses nombreux macs. Il n'a pas mis de lecteur de cd-roms. Juste un peu de bureautique, de traitement de texte, de tableur. Je crois que ma copine va s'amuser un peu avec, histoire de découvrir ce qu'on peut faire. Elle apprend. Je trouve ça bien. Si elle le fait, ce sera parfait. Une volonté de vouloir bouger. Je crois que le fait de rester à Nancy pendant quelques jours (semaines ?) va la motiver un peu plus. Surtout que moi je dois travailler pendant ce temps-là.
Le copain lui a vite expliqué comment marchait l'ordinateur. Elle sait utiliser les PC, mais le mac, elle va devoir s'y faire. Ensuite, pour le remercier de ce prêt, je l'ai invité à manger avec nous. Nous avons ensuite joué un peu, sans oublier de regarder la télé : je surveillais le début de "Angélique, Marquise des anges". Je ne sais pas trop expliquer, mais j'adore cette série. Un peu de romantisme, de violence, de complot, un scénario bien ficellé, même si la vérité historique est un peu bafouée. Ma copine ne connaissait pas. On a regardé jusqu'à la fin.
Peut-être a-t'elle regardé avec moi parce qu'elle ne voulait pas aller au lit seule...?

Le 3 Juillet 2000

Coiffure.

Je ne sais pas si c'est une volonté de sa part de vouloir changer, mais ma copine me parle depuis près de deux semaines de se couper les cheveux. Je me suis habitué lentement à l'idée. Je m'y fais. Elle devrait bientôt le faire. Elle voulait même que ce soit moi qui le fasse. J'ai refusé. Je crois que ça vient de là : elle a envie de changer, ou tout du moins d'essayer. Moi, je lui ai dit que je n'étais pas contre. Du moment qu'elle accepte ma critique, et qu'elle abandonne tout de suite l'idée des cheveux courts si cela ne me plaît pas.
Maman a les cheveux longs, et fait un peu ce qu'elle veut avec : chignons, nattes, anglaises... Je crois que c'est pour cette raison que je ne voulais pas trop que ma copine se les coupe. Mais avec les cheveux crépus, ce n'est pas chose facile. Elle voulait aussi par un moment se faire faire des extensions. Je lui ai dit que c'était sûrement plus d'entretien. Elle les veut courts pour une facilité de soins. Elle va se les couper je pense.

Le 2 Juillet 2000

Champions.

La journée a commencé bien calmement : lever vers midi, alors que ma copine s'est levée un peu plus tôt, sans raison. Sa mère vient demain, elle n'appellera pas chez sa soeur aujourd'hui.
Je la pousse quand même à aller la voir. Elle comprend que c'est mon envie de rester un peu seul qui surgit. Elle me connaît. Elle s'en va. Je suis seul pour quelques heures. J'en profite pour lire les BD achetées la veille, ainsi qu'une acquise en février. Comme je la trouve belle, je ne veux pas faire de traces dessus. Le meilleur moyen est de la lire avec des gants. Mais comme mes mains sont assez sèches, je me lance dans la lecture. Je note les différences avec l'édition précédente, les couleurs employées, le temps du récit, les phrases qui changent d'ordre, la mise en scène. Je commence enfin à prendre conscience du travail que cela représente. J'ai toujours eu l'idée de faire le scénario pour une de toute façcon. L'idée ressurgit en lisant des oeuvres comme celle-ci.
Ma copine revient précipitament. Je n'ai pas eu le temps de faire à manger. Elle commence à me parler d'un boulot pour la rentrée. On va en ville prendre les renseignements, mais je lui dis qu'on ne sera pas rentré pour le début du match de la France. On y va. En plus je lui demande de prendre de l'argent pour notre baguette. On fait un détour pour voir ce qui se passe place Stanislas, avec l'écran géant. Les gens sont assis et encore calmes. Ils attendent. Le coup d'envoi est pour dans trois quarts d'heure. Les drapeaux tricolores flottent sur la statue au milieu de la place. Je leur souhaite bon temps dans ma tête. Je ne pense pas aux ennuis techniques.
Il est 19h15. On s'installe. Mes pommes de terre frites sont très bonnes. Ça fait deux fois de suite que je les réussis bien. Tellement que j'en oublie de mettre de la sauce tomate dessus. Le rôti de boeuf est plus tendre qu'à la découpe. Heureusement pour ce boucher.
Le match commence. Je trouve ma copine bien calme. D'habitude elle râle pour un oui pour un non sur une action manquée des Français. Il faut dire que les Italiens conservent la balle.
La mi-temps passe. Les Italiens marquent. Je me fais une raison. Ma copine en a marre, elle va se laver les cheveux. Je commente en partie. Je lui explique les points de règle qu'elle ne comprend pas ou pas bien. Elle s'est déhabillée pour son lavage. Je reste calme. Je zappe un peu de dépit. On marque. Je gueule à l'effrayer. Elle revient dans la salle. Prolongation. Je pense dans ma tête qu'on pourrait sortir ensuite en ville si on gagne. Mais je ne veux pas porter la poisse.
Elle continue avec ses cheveux. Elle veut se les couper. Elle hésite beaucoup en ce moment. Je ne veux pas lui couper, de peur de faire n'importe quoi. Surtout que sa maman va la voir demain. Si je la loupe....
Le gardien en prend une sévère dans le nez. Elle me demande ce qui se passe si ils n'ont plus de gardiens pour jouer. On parle aussi des remplaçants. Elle comprend tout. On entend encore les voisins de dessus beugler l'égalisation.
Ensuite, tout va très vite. Débordement de Pires, puis demi-volée transperçante de Trézéguet. On est champion pour 4 ans.
Je lui propose, alors qu'elle est fort dévêtue, un tour en ville :
-Tu me laisses terminer ?
-Évidemment. J'enregistre les commentaires de la une. On sort voir la joie des gens en ville. Je ne sais pas la décrire. Les gens sont tous heureux et solidaires. Ils klaxonnent à enrouer les appareils. Les voitures affluent dans le centre ville. On marche plus vite à pieds. On croise toute sorte de personnes. Je remarque que ce sont surtout des jeunes. Je suis étonné de voir des femmes seules au volant. On pense aux personnes qui travailleront demain et aux étudiants qui passent les oraux de concours. On squatte la place Stanislas. Les gens sont montés sur la statue, sur les toits. On rentre par le chemin des écoliers.
On est bien. J'enregistre en regardant la rediffusion du match. Il est 2h15.