Le 29 Juin 2000

Bolognèse.

Jeudi. Le dernier de l'année en ce qui concerne les activités de l'équipe de probabilités. Je demande donc à ma copine de me réveiller vers 9h30 pour que j'arrive à l'heure --10h30. Mais comme un copain a appelé la veille, je me suis couché trop tard pour être opérationnel tôt.
Je me lève donc vers 11h00. J'arrive à la fac vers midi, avec le sentiment que la journée commence plutôt mal. Un gars m'a engueulé dans la rue parce que j'avais grillé deux feux rouges. Je le sais que c'est mal, mais quand on a l'élan et qu'il n'y a pas de voitures...
Ensuite, le copain d'irc n'est pas on-line. Je me demande bien où il peut être. Je lui demande par courrier électronique si il s'est perdu. En fait, il arrive vers 13h00 dans mon bureau. Il a décidé qu';aujourd'hui, il ne ferait pas grand chose. Moi non plus. J'ai des idées de démonstration qui pourraient marcher, et comme à mon habitude, je ne veux pas les gâcher trop vite, pour me rendre compte que ça ne marche encore pas. Je garde le suspens entier. Il me dit, avant de repartir, de passer chez lui quand je redescendrai à mon tour.
La deuxième demi-finale ayant du mal à se terminer, et pariant sur une prolongation, je décide de rentrer pour voir la conclusion. Le copain me dit de passer chez lui.
Installés devant l'écran, on entend sonner. Sa propriétaire qui en a après mon vélo :
-C'est à vous Monsieur ?
-Non, c'est à moi, fais-je en me levant pour la voir.
-Alors il ne faut pas le laisser là sinon c'est la porte ouverte à tout le monde qui laisse son cycle dans le couloir.
Je m'efforce de comprendre son raisonnement. Il n'est pas là en permanence mon vélo, il est là pour quelques heures et encore aujourd'hui, ç'aurait plutôt été pour moins d'une heure, le temps de connaître qui sera l'adversaire de la France en finale de l'Euro 2000. Elle insiste. Je lui dis que ça fait plus d'un an que je le laisse là à chaque fois que je viens. Elle me rétorque qu'il ne faudra plus le laisser là, et m'invite à le changer de place. Je lui balance qu'en fait, il suffit que je ne vienne plus quand elle sera là. Elle sourit difficilement :
-Non, il faut l'enlever, vous pouvez le mettre dehors. -Non. Je ne laisse pas mon vélo dehors.
Mon copain essaye de m'attendrir.
-Mais ouais, va le bouger.
-Ah non. Si je descends, je me barre.
-Oh n'en fais pas tant.
-J'ai laissé suffisamment mes vélos dormir dehors quand j'étais petit pour ne pas l'y laisser maintenant.
Elle comprend :
-Vous pouvez le laisser dans le cagibi, derrière, je vais vous montrer.
Je pars en oubliant mes clés. Le copain le prend à la légère, il me dit que ça m'apprendra. Il ne veut pas me les rendre. Je crois qu'il voit cependant que je ne suis pas d'humeur plaisante. Il me les rend. Je me casse. Je rattrape la râleuse. Elle tente de m'amadouer en me montrant son fameux cagibi, à l'arrière du bâtiment. Je la suis dans les marches d'escalier --encore des marches, hors de question que je me batte avec mon vélo et ses marches pour qu'il soit à l'abri. Elle insiste encore un peu. Elle voit que je veux m'en aller, prétextant le confort de "ses" locataires. Je fais mine de l'entendre. Elle m'ouvre la porte de "son" immeuble :
-Je suis navrée...
-Pas tant que moi.

Comme prévu initialement, le copain passe chez moi pour y faire une partie de jeu vidéo. Je regarde cependant les tirs au but embarquant l'Italie dans un affrontement contre la France.
Je mange mes spaghettis pendant qu'il tue du monstre à "Zelda". Il louche sur ma gamelle :
-Elles ont l'air appétissantes tes nouilles.
Je ne lui répond rien avant de m'être rassasié. Il me dit qu'il ne mange plus que des salades le soir, qu'il essaye de faire attention, que ça change des nouilles. Je cale. Il attend un peu, pensant peut-être que je vais y retourner. Puis il prend mon assiette, ma fourchette, et commence à grignoter le fromage fondu :
-Ben termine.
-Non.
-Ah si, tu as mangé le meilleur, maintenant, tu te tapes le reste des nouilles.
Ils les as dévorées. En moins de temps qu'il ne me faut pour l'écrire...
Et au milieu de tout ça, on s'est appelé trois fois dans la journé, avec ma copine. J'ai réussi à la convaincre de venir encore ce week-end à Nancy.

Le 27 Juin 2000

Absent.

En ce moment, je prépare de loin --c'est pour le mois de septembre-- un exposé . Disons plutôt que je fais de la recherche pour fignoler les démonstrations. Mais en fait, rien ne marche comme je le voudrais. Les idées foirent toutes les unes après les autres. Rien ne sera prêt. En plus mon prof est parti pour un "mois" --c'est-à-dire près de deux-- en Suisse. Le mél, c'est bien pour se tenir au courant de ce qu'on fait, mais pas pour expliquer les choses. Je ne comprends plus du tout ce qui se passe dans mon problème. L'absence de mon directeur, dans ces cas-là, est difficile à supporter. Quand il est là, dès qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas, je vais le voir, il m'explique ou me donne des références... Mais là je me débrouille.
Je ne sais pas si ma copine a conscience du soutien --passif-- qu'elle m'apporte quand elle est chez moi ou près de moi.

Le 25 Juin 2000

Sieste.

Ce matin, comme tous les dimanches matin, ma copine se lève vers 10h00 pour aller chez sa soeur attendre le coup de fil de sa mère. Elle sait qu'elle se fait remonter les bretelles si elle n'est pas à l'heure. Je lui ai dit de s'en foutre un peu plus. Sa mère a le numéro de chez moi. Elle peut donc appeler. En plus, avec le téléphone dans la chambre, elle n'aurait même pas besoin de se lever...
Ce matin, je me suis levé en même temps qu'elle. Ça me change. D'habitude, j'émerge quand elle est partie. Mais je voulais être avec elle. Ça m'a permis de lire pas mal le matin. Par contre, l'après-midi, je l'ai payé. Je lui ai proposé une sieste.
Déjà que ce dimanche on n'avait pas fait beaucoup de choses... J'ai réussi à dormir deux heures. Elle me dit que j'allais le payer ce soir, en ne trouvant pas mon sommeil. Elle a lu Akira pendant tout ce temps, voire plus puisque je me suis levé mais elle est restée au lit pour lire :
-Je suis bien ici.
-Oui. Je sais.
Un dimanche tout ce qu'il y a de plus tranquille.

Le 23 Juin 2000

Tables.

Ma copine est rentrée aujourd'hui. Je l'ai appelée du bureau vers 20h00 pour lui demander si je devais rentrer. Elle me dit que je peux rester un peu encore pour terminer ce que je devais faire.
Je rentre vers 21h15. Je ne vois personne qui m'attends, alors que j'apprécie quand elle accourt depuis la salle vers moi, avec ses charentaises aux pieds, et son sourire enjôleur. Mais là : personne, pas de sourire, pas de bisous. Je ne m'inquiète pas, pensant qu'elle est allée chercher une pizza. Vers 21h30, je commence cependant à regarder dans l'appartement si elle n'est pas cachée dans une pièce. Mais une fouille ne donne rien. Je commence seulement à m'inquièter vers dix heures moins le quart, alors que la nuit tombe.
Elle arrive vers 22h00, en faisant un peu la tête. Je lui demande ce qui ne va pas, mais n'obtiens pas de réponse. Elle me signale que près de chez "C & A", il y a des tables à l'abandon. Elle me les décrit un peu. Je lui demande si elle veut bien qu'on aille y jeter un oeil. Elle accepte.
Si bien que je me retrouve en plein centre-ville, à l'heure où les gens vont au restaurant, avec une table sur la tête --plus facile pour la soulever-- et ma copine qui marche près de moi. La table n'est pas trop lourde, ni encombrante. Elle est trapézoïdale, et tout à fait adaptée à supporter un ordinateur. Ça tombe bien, un copain doit me passer un Mac. Il a tout de suite trouvé sa place.
Arrivés chez nous, je lui parle d'une deuxième table, pour elle, pour lui servir de bureau. Elle me dit qu'elle en veut bien une. Moi, je suis content : ça fait une autre raison pour qu'elle vienne chez moi. Je ressors donc seul cette fois, pour me trimballer encore dans les rues avec une table sous le bras. Une table comme celles que j'avais à l'école. Je prends la moins sale. Elle est lourde.
Je rentre, je la pose, je la nettoierai plus tard ou demain. Ma copine est contente. Je crois.
Elle m'explique plus tard que c'est parce qu'elle aurait voulu que je rentre qu'elle faisait un peu la tête. Je suis pardonné.

Le 22 Juin 2000

Heure.

Tout à l'heure, je suis allé manger chez un copain. Je lui avais dit "entre 20h00 et 21h00".
Ma copine appelle à mon bureau vers neuf heures moins vingt. Ça dure une demi-heure. Ensuite, je rappelle le copain. Je lui dit :
-Avant de gueuler, je te dis que je pars tout de suite, je suis chez toi dans dix-quinze minutes.
-Ok. Je gueule quand même pour la forme.
Je descends vite le boulevard. Je croise une de mes élèves de l'année :
-Bonjour.
-Bonjour. Je freine. Je tourne, et je descends de vélo.
-Tu as vu les résultats ?
-Oui.
Ensuite on commence à engager la conversation sur qui l'a et qui ne l'a pas. Et aussi sur les gens dont je suis content, et ceux qui m'ont étonné. Puis les autres. On voit un gars qui court :
-Bonsoir.
-Bonsoir. Je lui crie :
-Pas terrible hein ! --c'est un de mes étudiants redoublant. Il s'arrête. On continue la discussion. On parle aussi des profs, et du bac, de la manière d'enseigner. Je dis que je suis aussi très en retard. On continue la discussion. Je demande à la fille qui a eu son année ce qu'elle fait par ici, où elle habite... Je lui dis aussi que vu d'où elle vient et vu où elle va, elle pourrait marcher un peu. Elle me répond qu'elle se perd, qu'elle n'a pas le sens de l'orientation. On discute encore un peu. Je lui propose :
-Si tu vas à pieds, alors je marche à côté de mon vélo et je te montre le chemin.
-Ok.
On a marché jusqu'à chez mon copain. Je l'ai aussi invitée chez moi l'année prochaine, pour faire du mario kart. Et aussi pour lui prêter de la musique ou de la bd. Toute une éducation à refaire... Elle me dit :
-Mais pas toute seule !
-Non bien sûr, ça ferait tendancieux. Une élève qui rentre chez son prof. Je lui explique aussi le chemin pour rentrer chez elle. Je lui dis que si mon copain refuse de m'ouvrir pour mon heure de retard, je l'accompagnerai jusque chez elle.
Il répond.
-Yo.
-Si je te présente mes plus plates excuses, ça ne changera rien.
-...
Il commence un peu à faire la tête. On discute quand même. Il finit par me dire, peu avant de partir,
-Je ne t'en veux presque plus.
-Oui, parce que je suis une bonne chatte.
On s'explique nos week-ends. On ne se verra pas. Je vais rester seul avec ma copine --qui s'est laissée convaincre de revenir vendredi sur Nancy-- tout le temps, comme elle aime. Tout se passe bien.

Le 21 Juin 2000

Cannondale.

Je rentrais hier soir, vers 20h30, chez moi. J'arrivais près du pont des Fusillés, quand un gars, également en vélo, me double en me disant :
-Un fort beau vélo, là !".
-Oui mais le mien n'a pas d'amortisseur à l'avant... lui dis-je en me retournant sur le sien.
-Mais un "cannondale" avec une fourche ça fait quelques milliers de francs en plus, dit-il en s'éloignant.
Je la rattrape difficilement, grillant au passage quelques feux rouges.
-Je vois que nous avons la même méthode --il m'a dépassé parce que j'avais ralenti avant de passer au rouge. Je le dépasse à mon tour, parce que je vais tout droit, contrairement à lui.
J'étais content qu'on me dise que j'ai un beau vélo. En fait, les connaisseurs apprécient sûrement mieux que moi. J'ai acquis ce vélo presque sur un coup de tête. Ça me manquait. Un copain avait décidé de s'en acheter un aussi. On y est allé ensemble. Pour une fois, j'ai pris de la marque sans le savoir.
Je n'ai pas été élevé avec cet esprit. Je suis à la mode quand elle me rattrape. Mais je ne lui cours pas après. Je fais des économies. À savoir si je vais éduquer mes enfants comme ça ? On en parle de temps en temps avec ma copine. On est au moins d'accord sur ce point-là.

Le 19 Juin 2000

Onde.

Ça fait deux semaines de suite que ma copine rentre à Nancy pour le week-end. Elle arrive le vendredi matin à 7h30 et repart le mardi vers 13h00. On tente la vie à deux. Elle s'y fait aussi bien que moi. Je crois que ça se passe de mieux en mieux. Elle ne sait pas trop si on doit vivre ensemble l'année prochaine. Elle essaye de s'en convaincre je crois. Alors de temps en temps, au fil de la conversation, elle glisse un "tu vois, on est sur la même longueur d'onde" subrepticement. Je pense qu'elle se rassure, et qu'elle est de plus en plus sûre que ça peut fonctionner, une vie commune. Ce n'est pas facile à prendre comme décision. Mais ça fait plus de six ans qu'on est ensemble --les vieux diraient "qu'on se fréquente". Je crois que j'apprécierais qu'elle reste près de moi. Je dis toujours que je ne serai cependant pas mécontent d'aller au bureau la journée. La joie n'en sera que plus grande chaque soir en le retrouvant. Mais ce sont des suppositions. On en parle pas encore assez, et notre avenir est trop incertain.

Le 18 Juin 2000

Chaleur.

Il fait très chaud en ce moment sur Nancy. Je n'aime pas avoir chaud. Quand j'ai chaud, je ne sais pas quoi faire. Tout me fait transpirer. Et puis aussi quand il fait chaud, on ne peut pas se déshabiller plus que lorsqu'on est nu. C'est pour ça que j'aime le froid. On peut toujours faire quelque chose contre le froid : remettre un vêtement, monter le chauffage,... Je rêve d'aller dans un pays froid. Aller à Verkhoiansk serait bien aussi. Les routes coupées ainsi que les fleuves gelés me font envie. Les températures de -50 degrés. Ma copine a peur quand je parle comme ça. Elle vient des îles. Elle préfère la chaleur, et aussi le soleil --bien qu'il puisse faire soleil tout en faisant froid. Elle regarde souvent les prix des voyages en Scandinavie, pour l'été. Quand même, elle n'est pas folle. Elle ne veut pas y aller en hiver, lorsque le soleil a de la peine pour se lever. Je sais qu'elle fait ça pour me faire plaisir parce qu'elle sait que je suis attiré par le grand Nord : l'Écosse, la Norvège ou la Suède, l'Islande par-dessus tout...
Et moi aussi je veux lui faire plaisir, alors je commence à parler des Baléares.

Le 17 Juin 2000

Magazines.

Aussi curieux que cela puisse paraître, je ne m'achète pas souvent des magazines en kiosque. Aujourd'hui, et sous l'impulsion de copains, qui me disent qu'il faut lire les magazines pour se tenir au courant de ce qui se fait de nouveau, je me suis dit qu'il fallait quand même que je me paye le numéro spécial de "la Recherche" sur les jeux mathématiques. Alors j'y suis allé. Mais aussitôt lancé dans les revues, je ne m'arrête pas. Je commence à feuilleter toutes sortes de revues de sciences. J'ai du mal à m'interesser à autre chose. Peut-être la psycho "à deux francs" --car je ne pense pas que la psychologie s'explique par des magazines grand public. Je trouve donc le rayon. "La Recherche", "Sciences et vie", etc. Mais aussi "les Cahiers de la sciences", qui parlent de l'histoire des équations --enfin, un truc de maths encore une fois : chassez le naturel... Je l'ouvre, et me décide. Je le prends. Conclusion, j'en ai eu pour 72 francs. Je commence à comprendre pourquoi je ne m'achète pas de revues.

Le 14 Juin 2000

Simplement.

Pour dire que quand les gens sont sur les routes, et bien je pense à eux très souvent.
Ma mère est rentrée aujourd'hui sur Le Havre. J'ai eu le message sur le répondeur comme quoi elle était bien rentrée. je sais qu'elle ne se doute pas. Mais c'est la première chose que j'ai faite en rentrant : regarder mes messages. Maman. Ok, elle est bien rentrée. Le message confirme.

Le 12 Juin 2000

Prêtre.

J'ai longtemps hésité. Je ne savais pas si j'allais mettre quelque chose aujourd'hui. Je suis venu au bureau avec ma copine. Elle avait des choses à voir sur le net. Malheureusement, le réseau était complètement à la ramasse. J'étais assez énervé, surtout que ma copine vient trés peu au bureau. Et puis ça s'est arrangé. J'ai pu lire mon courrier et aussi en faire. Ma copine à regardé ce qu'elle voulait voir, prétextant même qu'il n'y avait pas ce qu'elle voulait. Je lui ai dit qu'elle cherchait mal, qu'elle était impatiente.
Et puis il n'y a pas 5 minutes, je demande à un copain ex-étudiant en thèse si tout va bien pour lui. Il me dit que oui. Je lui demande si il sera en concurrence avec nous pour les postes d'ATER l'année prochaine. Il me dit que l'année prochaine, il sera en séminaire à Paris. Je crois qu'il veut dire en post-doc. Il précise... pour devenir prêtre. Il est amusé par mon ignorance. Toutes les personnes du laboratoire le savaient. Pas moi.

Le 11 Juin 2000

Moby.

Je suis allé hier chez un disquaire avec un copain. Je ne devais pas y aller parce que me connaissant, j'en aurais acheté, alors que je n'ai plus guère d'argent pour finir le mois. Cependant, je le suis, et je parviens à résister. Ça a été difficile parce que j'ai écouté le cd de "Moby".
Aussitôt rentré, j'ai dépêché ma copine pour qu'elle me le paye. J'ai abusé. Je savais bien qu'elle dirait oui, tout simplement parce qu'elle allait passer tout le week-end chez moi. On y est allé aujourd'hui, entre deux averses.
On l'a passé une bonne partie de la soirée. Je suis même allé jusqu'à faire un programme pour les trois titres qu'on préférait. Sur le lit, je ne sais pas trop encore pourquoi, elle m'a dit : "tu fais des efforts pour moi". Je savais que c'était une affirmation. mais je n'ai pas encore compris ce qui lui a fait dire ça.

Le 9 Juin 2000

Bac.

Un copain vient d'appeler. C'est le parisien qui est venu passer le week-end la semaine dernière :
-Devine pourquoi je t'appelle ?
-Pour les bergamotes ? (je lui avais dit que je pourrais lui envoyer des bonbons par la poste au cas où il en aurait besoin, plutôt que d'en acheter pour 500 francs à chaque fois qu'il vient en Lorraine. Il m'avait contacté dans la semaine pour que je lui donne les renseignements sur ce qui est disponible).
-Non.
-Alors je ne sais pas.
-Pour un problème de maths.
-Ah ?
-Oui, je voudrais savoir comment tu résous a puissance x égale b.
-Ouais, ben tu prends le logarithme. Et je continue à lui résoudre son problème...
-Pourquoi tu as besoin de ça ?
-Pour de la famille qui va passer le bac.
Après avoir raccroché, je pense qu'il a bien compris ce que je voulais dire la semaine dernière quand on a parlé toute la nuit, quand je lui ai dit que je m'addressais aux personnes que je savais plus fortes que moi dans certains domaines. J'espère qu'il continuera dans cette voie, comme je le fais quand je sais que des personnes amies plus qualifiées que moi --c'est-à-dire que je sais plus fortes que moi-- pourront me répondre, et que je pourrai comprendre.

Le 8 Juin 2000

Maman.

Elle est venue aujourd'hui. C'est la première fois qu'elle vient. Pourtant ça fait plus d'un mois et demi qu'elle est dans les Vosges. Elle a une heure de route à faire pour me voir, mais elle a trouvé tout le temps de sexcuses pour ne pas venir.
Je ne lui ai pas montré que j'étais ciontent de la voir. Sauf peut-être quand elle est sortie du train et qu'elle est apparue de derrière une voiture. Je crois qu'à ce moment-là, elle l'a bien deviné. J'ai failli être en retard à son arrivée.
Ensuite, elle a voulu voir chez moi. Pour critiquer coment c;est sale et tout le reste, le bordel ambiant, la saleté... Puis on est allé manger. Il a fallu que je lui montre un restaurant dont je connaisse la qualité. Et pas cher. Je savais bien que ce serait elle qui payerait. Mais je lui ai quand même enregistré son feuilleton. On est allé en ville. Elle a acheté quelques trucs. Moi, j'en ai profité pour aller m'acheter des BD. Puis elle a voulu rentrer pour avoir le temps de regarder son feuilleton avant de reprendre le train...
En fait elle est venue assez de temps pour me voir, mais pas assez pour que les langues se délient.
Elle rentre au Havre le 14 juin.

Le 7 Juin 2000

Badminton.

Je suis rentré de chez ma copine juste pour avoir le droit au dernier cours de badminton. Je sais que ça me fait une contrainte, mais à part celles des séminaire et groupe de travail, c'est la seule. Je m'oblige donc à y aller, même si dès fois l'envie me manque.
J'étais par contre content de trouver sur mon répondeur le message d'un copain qui ne m'avait pas vu au bureau aujourd'hui. Il voulait savoir ce qui s'était passé. Surtout qu'on ne s'était pas parlé depuis un bout de temps...

Le 6 Juin 2000

(Re)-Partir.

Je suis retourné --et c'est la première fois que ça m'arrive en semaine-- voir ma copine. Du mardi au mercredi. En fait, j'ai réussi à trouver ce qui ne me plaisait pas dans les départs. C'est simplement le fait d'aller en terrain inconnu, ou inhabituel. Quand je rentre dans les Vosges, dans ma famille, je n'aime pas y aller, parce que je n'y vais pas souvent. Ce n'est pas un terrain conquis (sauf chez ma grand-mère : je pourrais arriver à trois heures du mat' qu'elle ne dirait rien, trop contente de me voir). Chez ma copine, aujourd'hui, ça ne me fait rien parce que c'est un terrain conquis. Curieusement, la Madine ça ne m'a rien fait non plus. Sûrement à cause de (ou grâce à) la présence d'un copain. L'année dernière on avait passé une bonne partie de la soirée et du début de la nuit à discuter de nos vies.
Je crois que si je vais au Havre voir ma mère, je ne serai pas en terrain conquis à cause de mon beau-père...

Le 3 Juin 2000

Imprévu.

Parce que je suis parti hier soir en catastrophe réconforter ma copine à Épinal. Je ne sais pas si je dois mettre ça dans mon journal. Mais ça me concerne. Je ne sais pas si elle se rend compte que j'y suis aussi ataché qu'elle à sa réussite.
Je suis arrivé dans le noir. Sa soeur m'avait passé les clés de chez elle. Je n'ai rien dit. Il n'y a que celui qui ne fait rien qui ne se trompe pas. Marre d'être chaque année maladroit. L'année dernière je lui avais donné de faux espoirs. Cette année, j'ai pensé que seule ma présence suffirait. En fait, je ne savais pas trop quoi dire. Ma mère a appelé chez elle pour savoir où j'étais.
Le lendemain matin, on n'a même pas mangé. Juste deux crêpes. J'avais des choses à faire à Nancy. Je devais rentrer. Mais ça m'ennuyait de la laisser seule. Surtout que c'était le week-end. Mais je suis rentré.
Aussitôt arrivé chez moi, je l'appelle. Impossible de la joindre. Elle est peut-être sortie faire quelques courses pour le week-end. Elle a le droit de manger. Je suis allé chercher à manger de mon côté aussi.
Je l'ai appelée aussi quand je suis rentré d'en ville. Vers 18h30, puis 18h40, 18h50. 19h00. J'ai contacté sa soeur. Puis l'ai rappelée. Puis sa soeur à nouveau. Je lui ai dit que j'allais peut-être y resdescendre. Je ne savais pas.
Vers 20h30, alors que ma décision de redescendre était prise, une sonnerie. C'est ma copine qui a rebranché son combiné, se doutant bien que si je n'avais pas de nouvelles, j'allais trouver le moyen de redescendre la voir. Elle voulait m'éviter cela. Elle a appelé. Elle commence à prévoir mon comportement.
Je l'ai rappelé, juste pour savoir comment elle allait, vers 22h30. Ensuite j'ai appelé un copain. Je l'ai invité pour la nuit. Une nuit Mario Kart et jeux vidéo. De minuit à 7h30. visite de raphael samedi soir.

Le 2 Juin 2000

Soutien.

Un copain de Paris est venu hier soir. Il allait dans les Vosges, et vu comment se présentaient les événements, nous n'aurions pas dû nous voir. En fait comme il arrivait le jeudi soir, il a décidé --sans prendre trop mon accord-- de venir passer la nuit chez moi.
On l'a attendu chez un copain commun. Ensuite nous sommes rentrés chez moi. J'ai tâché d'entamer la conversation afin de ne pas trop s'éterniser sur les mangas et l'animation. Je sais qu'on parle beaucoup de ça avec lui. L'ami commun m'a parlé brièvement de ses problèmes. Je ne savais pas trop quoi dire sans paraître curieux. Surtout que j'ai la sensation de le devenir de plus en plus.
Arrivés chez moi, on a installé son lit. Je lui ai passé des draps, même si ça m'ennuie de salir une paire de draps pour une seule nuit. La fois dernière, ils avaient servi pour un copain et aussi pour mon frère. Et puis on a passé chacun un coup de fil. On a commencé à discuter. Le lendemain --le vendredi donc-- je ne pensais pas aller à la fac. J'avais pas mal bossé la veille, et mon prof partait ce matin-même pour la Suisse. Je pouvais m'autoriser une journée de "rien faire". Nous avons discuté de nous une bonne partie de la nuit. Il m'a parlé de son enfance. Et moi de la mienne. Vers 6h00 du matin on a embrayé sur la musique. Je changeais les cd et il me faisait écouter des choses que je n'aurai jamais chez moi. Il est ensuite parti voir un autre copain --celui qu'il venait éffectivement visiter-- et moi je suis allé au lit. Il est parti en repliant ses draps.
Je les ai revus dès mon réveil, vers 13h00. On avait prévu de passer l'après-midi ensemble. Vers 16h30, le troisième copain est rentré chez lui : il devait aller à un conseil d'administration de la chorale universitaire. Nous avons continué nos courses. Il s'est acheté pour plus de 500 francs de bonbons nancéiens. Et je l'ai aidé à porter tout ça jusqu'à la gare. J'ai attendu son départ. Presque par réflexe.

Le 1er Juin 2000

Pensée.

Mon grand-père aurait eu 79 ans aujourd'hui. Je vais appeler mémère. Pour lui dire que je pense à elle et encore à lui. C'est sa grande crainte ça : que je les oublie. J'y pense plus souvent qu'elle ne croit. Mais je n'aime pas le montrer tout le temps. Je crois qu'elle a un peu de mal à comprendre vu qu'elle est très extravertie, sentimentalement parlant. Je me souviens. Il y a quelques semaines, j'avais oublié la fête des grands-mères --encore un truc pour se fâcher avec sa famille cette fête-là. Eh ben, elle y a pensé toute la nuit. Je l'ai appelée le lendemain je crois. Elle en pleurait au téléphone. Je lui expliquais qu'il ne fallait pas se mettre dans des états pareils, surtout pour un truc qui est monté au début juste par la marque de café. Et puis aussi peut-être par les fleuristes. Elle a compris. Mais je n'aime pas prononcer certains mots, comme penser à vous ou autre trucs du genre. Elle ne comprend pas. Elle, elle le dit à tout bout de champ. Enfin, la crise est passée assez vite sous un flot de paroles réconfortantes. Je l'ai déjà fait aussi avec ma copine ça. Mais avec elle j'ose parler plus. Je ne sais pas si elle s'en rend compte, du privilège qu'elle a, à me connaître sous cet angle...
Je me demande si mon grand-père me voit "d'en-haut" ? Et ce qu'il en pense. C'est dommage de garder certaines images (les dernières de lui en fait) en mémoire. Il faudrait pouvoir aussi cliquer pour "effacer" certaines parties. Comme les derniers jours. Ma cousine était allée le voir juste avant sa mort. Elle a dit à ma grand-mère peu de temps après qu'elle n'aurait pas dû. Moi, je le savais et je voulais l'éviter. J'y suis parvenu. Je me souviens vaguement de la mort de mon arrière-grand-mère. Alors je ne voulais pas encore avoir une de ces images en tête.