Le 28 Novembre 1999

Méfiant.

Le dimanche, c'est le jour où ma copine repart. Je l'ai donc raccompagnée à la gare. Comme il y avait le changement d'horaires de la S.N.C.F., il a fallu partir un peu en avance de chez moi. La conséquence fut que nous étions en avance à la gare. 5 minutes avant le départ du train, il y a une Noire qui s'avance le long du quai. Elle regarde par les fenêtres des voitures. Arrivée à notre hauteur, elle monte dans le train et commence à discuter avec ma copine, à mon insu. Au bout de quelques minutes, je m'approche d'elles, et je commence à demander ce qui se passe. La Noire m'explique qu'elle voudrait que ma copine donne un sac rempli de "documents" à sa soeur qui attendra le sac à la gare d'Épinal. Moi, je ne dis rien et trouve ça louche. Je laisse ma copine maître de sa décision. Je lui suggère cependant d'aller à Épinal elle-même. Elle m'envoie balader, prétextant qu'elle n'a pas le temps. Ma copine aussi se méfie. Une fumeuse à la porte se mêle aussi de la conversation. Elle dit comme moi, surtout que le train est de retour dans moins de trois heures. Ma copine refuse son offre.
Le train s'éloigne. Une fois de plus ma copine part. Et là pour presque trois semaines sans revenir à Nancy...
Moi, je ne me démonte pas et aborde de nouveau la Noire. Son gars est à ses côtés. Je lui demande une nouvelle fois pourquoi elle ne va pas elle-même à Épinal.
-Parce que je n'ai pas le temps...
-Oui, mais vous êtes de retour dans trois heures au plus vous savez...
-Oui, mais non.
J'aurais pu arrêter là. Mon erreur a été de continuer.
-Vous comprenez, on se méfie, on ne sait pas ce qu'il ya dans votre paquet.
-Vous méfier ? Mais pourquoi ?
-Parce que quelqu'un qui vous demande de donner un paquet à quel'qu'un qu'il ne connaît pas, c'est louche.
-Louche, oui c'est normal c'est parce que je suis noire.
-Attendez vous avez vu ma copine ?...
-Oui, mais non, elle est probablement Antillaise non ? c'est ça ?
-Oui, mais...
-Oui, ben c'est pas pareil.
-Pas pareil ? fis-je.
-Oui,...
-Bon j'arrête là parce que je vais me fâcher avec vous.
-Ouais c'est ça, dégagez, me dit-elle pour conclure par un geste de la main renforçant l'idée que c'est elle qui me met dehors. Je pars, seul, sans me retourner. De l'autre côté du quai, je regarde une dernière fois si ils attendent quelqu'un. Je rentre chez moi. J'attends le coup de fil de ma copine pour me dire si elle est bien rentrée. Elle me dit que personne n'attendait à la gare. Je lui répond que c'est normal, vu qu'elle ne devait rien avoir à attendre, sinon sa soeur l'aurait prévenue. Je reste seul le soir.

Le 25 Novembre 1999

Floyd.

Ce soir, je ne sais pas quoi faire après avoir mangé, vers minuit et demie. Je pourrais continuer à faire mes comptes, puisque ça me prend la tête, autant en finir au plus vite...
J'hésite à mettre de la musique, mais Tubular Bells III ça fait trois jours qu'il est dans le lecteur alors... Par acquis de conscience, j'effectue un dernier zapping, sachant pertinemment qu'après minuit, il n'y a plus grand chose. Sur M.C.M, je vois cependant une image puis un son de cloche qui me sont familiers. C'est l'intro musicale de "High Hopes" des Pink Floyd. Je m'asseois alors pour regarder le long clip. Mais cela ne fait que déplacer mon hésitation. Alors je pars quelques instants de la pièce. La télé reste allumée... et par conséquent reste sur M.C.M. Je vois la tête de Zégut, l'animateur de R.T.L. qui présente le "Concert d'un Soir". Aujourd'hui : "Pink Floyd : Live at Pompeï". Le sourire jusqu'aux oreilles, je me rasseois devant ma calculatrice, et je reprends mes comptes...
Le concert a duré une heure et demie. Mes comptes n'étaient pas terminés, mais je me suis quand même écouté Tubular Bells III une fois avant d'aller au lit.

Le 22 Novembre 1999

Allégorie.

Juste pour raconter un délire sur IRC avec des gens.
On est parti je ne sais plus d'où pour en arriver au fait de comparer les conquêtes féminines avec un Shoot them up'. On est parti de là pour arriver, un copain ircien et moi au fait que l'on n'avait même pas su passer le premier niveau. Moi, je m'en satisfait pleinement : gagner plusieurs niveaux ne m'intéresse pas, et ce niveau-là je l'aime. Le boss est sympa, agile, délicat, bien dessiné --enfin je veux dire à mon goût-- intelligent et je commence à le connaître. Je m'aperçois que plus ça va et moins j'ai envie de franchir le premier boss. Alors je crois que je vais rester avec celui-là pour une bonne partie de la suite de la partie. On parle de finir la partie ensemble en fait, histoire que je ne sois pas seul à continuer le jeu. Je suis quasi certain qu'après il n'y a plus de boss sur notre chemin. On est même en train de parler de faire d'autres vaisseaux afin de nous aider à finir la partie...

Le 21 Novembre 1999

Calme.

Calme comme on peut rarement le faire ce week-end. Je ne m'en plains pas parce que je crois que c'est la première fois que ça m'arrive. Je veux dire aussi clairement que ça. À ne rien faire du tout. Ma copine est rentrée samedi soir. Nous sommes restés seuls ce soir-là. Le lendemain elle est allée voir sa soeur. Puis elle est rentrée sur Épinal. Je suis resté avec mes comptes, la musique et les BD que les copains m'avaient prêtées, les vidéos... J'ai même resisté à l'envie d'appeler un autre copain le soir. J'ai réussi à rester vraiment seul une soirée. J'ai réussi à faire plein de choses. J'ai en fait juste pris le temps de les faire.

Le 20 Novembre 1999

Nostalgie.

Nous regardions ma copine et moi l'émission de Ardisson samedi soir à partir de 22h30 je crois, ou même plus tard...
Surtout, cette émission m'a rappelé l'ancien temps, losque j'étais au Havre, encore chez mes parents, et que je regardais "double jeu", animé par la même personne. Je repensais à ces 24 années déjà passées, me disant "tout ce temps". Petit on ne pense pas que le temps passe vite, plus vite que l'on ne le veut après vingt ans. Mais alors pourquoi dit-on que 20 ans est le plus bel âge ? Là, je ne comprends pas. 20 ans c'est le début de la fin. Les années passent, et on court après, à vouloir trouver une copine, voire une femme, à vouloir lui faire des enfants. À penser à les élever. En fait je crois que ça viendra bientôt. Je repense aussi à mon grand-père. Ma copine, quand elle a lu ce journal --je le lui avais imprimé il y a une semaine, et je lui imprimerai chaque semaine (enfin quand j'y penserai)--, a dit qu'elle était contente que je parle de lui. Elle n'osait pas aborder le sujet, et maintenant qu'elle a lu, ne l'aborde toujours pas plus, mais juste qu'elle sait ce que je ressens. Elle ne m'a pas vu pleurer lors de l'enterrement. Je suis triste quand les gens sont tristes, mais je suis surtout heureux lorsqu'ils sont heureux. C'est dans ma nature d'être comme ça. Elle sait que je suis ainsi. Elle me disait que j'étais incroyable à pouvoir prendre les gens comme ils sont. Je ne sais pas trop encore ce qu'elle voulait dire par là. J'ai encore mangé avec le couteau de mon grand-père. Je crois que j'y suis habitué maintenant. Ma grand-mère sera contente lorsque je le lui dirai.
À cette émission, j'ai revu Hélène, et aussi Jacky, l'animateur du Club Dorothée. C'est peut-être dur à assumer, mais c'est toute ma jeunesse qui est passée avec ces deux personnes. Surtout pour Jacky --que l'on n'a pas beaucoup entendu d'ailleurs-- qui était vraiment l'animateur-phare de mon époque. Ça y est je me mets à parler comme un vieux. Encore cette nostalgie qui revient. C'est aussi pour ça, je crois que je tiens tant à mes cassettes de "daubes", où il y a la musique que j'ai écoutée quand je restais avec maman.

Le 19 Novembre 1999

Énervé.

Je remplis ce jour le 13 décembre 1999.
Je ne sais plus dans quel état j'étais, mais je sais que j'étais énervé comme cela m'arrive rarement. En plus je suis redescendu avec un copain. Après coup, il m'a dit qu'il ne m'avait pas trouvé si énervé que ça, mais j'avais quand même réussi à lui gueuler dessus en pleine rue, sous prétexte de me dire que j'allais dépenser une fortune en électricité parce que je laissais constamment allumé le chauffage pour qu'il fasse 18 degrés chez moi. Je prends soin de mes plantes vertes...
En fait avec le recul de deux semaines --et maintenant même un peu plus-- je me rends compte que c'est parce que je n'avais pas fait mon journal depuis longtemps. Ça me soulage de le remplir de temps en temps. Aujourd'hui --le 19 décembre donc-- je me suis demandé si ce n'était pas une personne à qui parler qui me manquait. Pas un copain ou une opersonne physique. C'est juste le besoin de me parler à moi-même. C'est peut-être ça que l'on appelle "réfléchir" à un sujet" ? Enfin, je suis sûr que cette fois-là ça m'aurait calmé d'écrire --de parler ??--. En plus le soir en rentant chez moi, une partie de street fighter ne m'a pas calmé non plus. Je ne sais pas me calmer en faisant mal aux autres alors j'ai fait autre chose : respirer. Et ça me donne mal au ventre de m'énerver. Je ne sais même plus comment j'ai réussi à me calmer. Je sais juste que quand mon copain est parti de chez moi, j'étais calme.

Le 18 Novembre 1999

Poète.

Hier soir j'ai appelé un copain pendant quelques heures. 2 au total. En fait on s'est appelé plusieurs fois dans la soirée. La première était juste un appel informel. Pour savoir comment allait l'autre et parce que depuis le début de la semaine on s'appelait, alors on n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.
Mais il a écourté notre discussion pour appeler sa "princesse". J'ai trouvé le mot joli pour une fille qu'il a rencontrée sur IRC, et qu'il ne connait pas de vue. Juste elle lui fait du bien quand elle lui parle : des amis de 20 ans depuis une seule année --date à laquelle il s'est abonné à Internet--.
Ensuite, il me rappelle --vers 1h30 du matin-- et je sens qu'il va mieux. Juste grâce à sa voix. Il lui avait parlé une heure alors qu'ils ne s'étaient pas parlé depuis peut-être un mois entier. Puis on a parlé de lui de nous, d'eux deux, et du reste. Des copains, de ma copine. On le fait souvent tout ça, et c'est bien pour l'équilibre mental de nos deux personnalités pourtant si différentes. Je me demande bien ce qui fait que deux personnes s'entendent ? Parce que mes ami(e)s sont quand même bien différent(e)s de caractères. Je ne sais pas une fois de plus.

Le 17 Novembre 1999

Maman.

Oui Maman, parce que je n'en parle pas souvent. Elle aussi croit que je ne pense pas à elle, mais en fait j'y pense aussi souvent qu'à mes grands-parents. Juste je sais pas encore le lui dire.
Mercredi, c'est ce jour-là où j'avais envie de la voir. J'ai dit à un copain que c'était rare. Pire, que c'était la première fois depuis que j'étais à Nancy que j'avais envie de la voir. Simplement, elle me manquait. Je pensais à elle, et me demandais ce qu'elle faisait. Ce n'est pas pour autant que je l'ai appelée... C'est toujours moi qui appelle aussi. Si je l'appelle c'est que j'ai quelque chose à lui dire donc la conversation dure une vingtaine de minutes, alors que elle, lorsqu'elle appelle c'est pour savoir "si ça va". Je lui réponds "oui" et c'est tout. Donc elle téléphone pendant 5 minutes et après on commence à faire des silences. Ça lasse, et on abrège la conversation.
Je sais que elle, elle s'ennuie de moi. Mais ce n'est pas grave. Juste que son mari pourrait faire des efforts, venir un peu plus souvent. Et aussi elle, elle pourrait lui dire : je vais voir mon fils. Maintenant que j'ai un grand appart' elle peut venir quand elle veut. Il y a même la place pour qu'elle puisse dormir. Juste elle a pas le courage, comme moi j'ai pas le courage d'y aller juste pour un week-end. Seul, sans ma copine, cela ne m'enchante guère. Ma copine, qui ne sait pas ce qu'elle fait pour Noël, m'a suggéré d'y aller pour les fêtes. Comme ça elle n'aurait pas de scrupules à me laisser "seul" pour les fêtes de fin d'année : elle doit partir quelques jours avec ses parents. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je n'ai pas le courage de dire que je pars pour trois jours en Normandie, et que je reviendrais avec maman qui viens dans les Vosges pour voir la sienne. Je ne sais pas. Ça dépendra de ce que ma copine fera. Ensuite j'aviserai, surtout que c'est facile de décider de partir avec le train.

Le 15 Novembre 1999

Opinel.

Ce midi, j'ai mangé au RU avec le couteau de mon grand-père. En fait, je crois que j'ai pris le réflexe de le prendre sur moi tout le temps et de l'utiliser pour manger. Je sais aussi qu'il ne le lavait jamais : il l'essuyait dans sa serviette alors je fais pareil. Je deviens vieux, ou est-ce encore cette nostalgie qui s'empare de moi ?

Le 14 Novembre 1999

Voyeur.

Je ne sais pas d'où vient ce désir de connaître la vie des autres. Je me contente de la mienne, et celle des autres ne m'intéresse que très peu en fait sauf si c'est quelqu'un que je connais un tant soit peu. Les gens me demandent des fois si ma page a bougé, alors qu'il suffit de deux clics pour venir voir, surtout avec la couleur des liens qui change si il a été visité... Je leur réponds que de toute façon il bouge tous les jours, quasiment. Ne serait-ce que la page des sorties. Mais en fait ce qui les intéresse, c'est le journal, sachant qu'ils vont peut-être se reconnaître ce jour. Je ne sais pas, une sorte de fierté mal placée à voir son nom sur la page d'un autre. Ou alors peut-être pour se rendre compte que tout le monde est pareil avec ses problèmes de travail, de coeur, de santé, et qu'il y a plus à plaindre qu'eux. Ils sont rassurés de voir que les gens qu'ils côtoient sont semblables à eux. Enfin, ce jour est pour eux puisque je parle d'eux. Mais je ne sais pas si ils ne préféreraient pas que je parle d'eux plus particulièrement sans les nommer mais que chacun puisse s'y reconnaître...
Je verrai bien demain si on me repose la question. À savoir si ils parlent de mon site autour d'eux ? savoir si ils invitent les gens à venir voir mon journal. Je sais que c'est pour ça qu'ils viennent. Même si ma page a lieu d'être grâce au journal des sorties, et pas ce journal qui me permet de me défouler. C'est comme ça que je me sens mieux, après cette confession au journal. Les gens le voient. Qu'éprouvent-ils à me lire ?

Le 13 Novembre 1999

Gare.

Samedi, c'était une journée calme comme je n'en avais pas eu depuis quelques temps trop longs. Un copain de Paris est venu tenir compagnie durant le week-end au copain qui se sentait seul. Ça me permettait de partir retrouver ma copine à Épinal, samedi en fin d'après-midi. Le matin j'avais eu le temps de me reposer et de faire mes courses tranquillement, sans me presser. J'ai surtout acheté de l'efficace : des pâtes, de la crème et de l'emmenthal. Ma nourriture est de moins en moins équilibrée. Ça fera une moyenne avec le copain qui a trouvé. Lui, il va se mettre à faire la cuisine et à acheter des légumes.
Donc sur le quai de la gare, je la vois. Elle s'inquiète un peu. Au téléphone, je savais à son intonation dans la voix que je lui manquais. Je ne sais pas ce qu'elle aurait fait si je n'étais pas descendu ce samedi soir et seulement pour 24 heures... Enfin. Elle attend et elle ne me voit pas. Elle croit que j'ai pris le suivant. Elle est déçue. Elle me voit descendre -presque en premier, ça ne me ressemble pas, peut-être suis-je aussi impatient qu'elle de l'embrasser et de la serrer contre moi ?- et me fait un grand sourire. Je suis rassuré, il est pour moi. C'est bon de se sentir aimé. Je me rapproche. Elle dit rien et moi pas grand-chose de plus. On tombe l'un dans les bras de l'autre on s'embrasse. Les gens nous regardent. Elle les emmerde. Elle est venue en jupe avec des bas, et des bottes. Je l'aime quand elle me fait plaisir comme ça. Même si je me doutais bien qu'elle ferait un effort, pour ce jour. Je n'avais pas prévu de venir ce week-end. Elle est heureuse. Il ne lui faut pas grand-chose. La séparation du lendemain se passe bien. C'est moi qui ai fait à manger le soir. Le lendemain aussi d'ailleurs : les restes de la veille en salade. Elle n'avais plus beaucoup d'huile pour la vinaigrette, je lui fait remarquer gentiment. Le dimanche est calme. C'est la fin du week-end avec elle. Elle revient dans 5-6 jours. Ça passera vite. Je fais mon journal et je pense à elle. Mon copain qui n'est plus seul va le redevenir alors je pense à lui, il va voir ce que vivions ma copine et moi. Vendredi soir, bien que j'étais attendu pour manger -à 22h00 passées déjà- je suis passé le voir. On a discuté une vingtaine de minutes, entre autres de son avenir avec sa copine. Elle doit partir pour Caen. Il sera malheureux si il est comme moi.

Le 12 Novembre 1999

Riz.

Aujourd'hui, le repas fut amical. J'ai retrouvé les deux copains, on a mangé au RU chinois ensemble. L'un est venue avec sa copine -qui n'a d'ailleurs pas apprécié le repas. Je ne sais pas moi j'aime bien aller au chinois, ça fait plus de trois ans que j'y vais, je mange du riz tous les jours. Petit déjà j'aimais bien le riz. Mon autre grand-mère me disait que je pourrais vivre en Chine.
Ensuite on a bien discuté. Avec l'un, celui qui est seul et qui est passé chez moi hier soir aprè la dernière séance de cinéma à 00h25, avait l'air de se sentir mieux. Je me sentais bien. Surtout avec lui je ne sais pas comment expliquer la chose. Je pense à Chirac et Balladur aux Guignols de l'info quand ils se présentaient comme des amis de 20 ans depuis deux semaines. Pour nous je le ressens un peu comme ça aussi. Pourtant deux heures avant je l'avais bien médit auprès d'un autre copain. Mais quand il est arrivé à minuit et demi, les langues se sont déliées, et des détails de comportement et d'énervement potentiels ont été réglés. Les choses sont plus claires. Je ne le verrai pas beaucoup ce week-end. Je vais voir ma copine chez elle, et le dimanche je vais chez un autre copain. Il me manque lui aussi. Heureusement nos heures indécentes de correspondances téléphonique, ircienne et électronique compensent ce manque. Mais cela fait trois semaines que l'on ne s'est pas rencontré. Alors je délaisse l'un pour être avec l'autre.
Avec le copain qui a trouvé, je pense que c'est un peu comme ça aussi que ça se passe aussi. Juste je le connais depuis un peu moins longtemps. Je me demande bien ce qu'il adviendra quand nous seront séparés physiquement à cause de nos activités ultérieures...
Hier j'ai appelé ma grand-mère pour son anniversaire. Elle était contente et prenait peur que je ne pense pas à elle. Elle a encore parlé de mon grand-père. Elle avait mis sa photo dans sa cuisine, mais m'a dit "pépère, je ne peux pas te voir là tout le temps". Alors elle l'a mise ailleurs. Elle croit que je ne pense pas à lui. Elle se trompe juste un peu. Mais à part à ma copine, j'ose pas, j'aime pas avouer, ou même juste dévoiler mes sentiments. Ce journal m'aide un peu. C'est mon confident des longs moments. Je crois que je suis plus loquace quand ma copine me manque. C'est elle qui, sans le vouloir, m'inspire. Je pense à elle et j'ai tout de suite quelque chose à dire. Déjà au téléphone on s'amuse avec ces silences.
Je la vois demain. Elle est heureuse que j'y aille... Je vais imprimer mon journal elle le lira.
Aujourd'hui, j'ai mangé mon riz avec mon Opinel.

Le 10 Novembre 1999

6h00.

Ce matin. 6h00. Pas réveillé. Le téléphone sonne près de mon oreille endolorie par un profond sommeil de 4 heures. Je décroche, pose le combiné sur mon oreille horizontale :
-Allô ? Allô !
-"Partir, Partir, ....". Musique de Julien Clerc. Je tâche de reconnecter mes neurones. Je sais dans quel état est mon copain. Je ne sais pas c'est lui qui lance un S.O.S. j'ai peur, je ne sais pas si c'est lui qui appelle. Je suis dans la chambre et la présentation du numéro ne marche pas sur ce terminal-là. Je ne sais pas quoi faire. Si c'est lui je vais chez lui je préviens police secours ou les pompiers. Je connais son adresse. C'est bien.Je cherche le courage pour me lever et aller voir à la salle si c'est lui ou pas. Et encore le refrain de Julien Clerc. Je serais marqué à vie par cette chanson. Le copain va pas bien et des gens à six heures du mat' me téléphonent pour me faire écouter cette chanson. Je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête.
Je l'imagine déjà chez lui un morceau de verre d'un de ses couvercle récemment cassé à la main. Je le vois près de ses veines. Je me lève. Je vais à la salle. Je regarde le numéro. Un 06 87 : un portable. Il n'en a pas. Je suis rassuré. Je redors deux heures.
Une sonnerie encore un peu plus tard. C'est eux je le sais par la présentation du numéro. Merci FT. Ils raccrochent assez vite avant que la chanson ne se mette en route. Le prochain CD que j'achèterai ne sera pas du Julien Clerc.
Arrivé au bureau ce matin je cherche les paroles de cette maudite chanson. Pas trouvé. Pas le temps. Plus le temps.

Le 9 Novembre 1999

Carotte.

Aujourd'hui, on est le 11 novembre, c'est l'anniversaire de ma grand-mère, il faut que j'y pense ce soir en rentrant chez moi.
Oui, je sais le 9 novembre c'est pas le 11 et le 10 a été écrit avant le 9 mais ce n'est pas grave. Je ne sais pas comment raconter ce qui s'est passé. Toujours à cause de cette envie de citer les gens mais je sais que si je le fais ils m'en voudront. Donc je suis frustré. Ce n'est pas un journal en fait ce que je fais là c'est un feuilleton, le feuilleton de ma vie, sans être en moi.
Par contre je sais que je suis lu, et ça, ça me rassure...
Donc le lundi il y a plusieurs choses. Le copain qui ne cherche pas a trouvé malgré lui. Il ne voulait pas que ça évolue comme ça. Mais je lui ai dit qu'on ne pouvait pas commander les sentiments. Il voulait une relation platonique, et il y parvenait jusque là. Mais vers 19h00 alors qu'il était exceptionnellement venu sur irc la journée, il me dit qu'il raccompagnait sa "copine" chez elle puis qu'il revenait au bureau. Je lui dit ok, vers minuit pas de problèmes c'est l'heure à laquelle je compte rentrer. Il me dit pareil de son côté. Vers 22h00, il me joins par irc, me dit qu'ils partent. Je calcule rapidement et me dis qu'il en a pour une heure maximum. Je patiente en continuant de taper mon travail : l'article que mon prof et moi sommes en train de préparer. Mon premier article. Cela marque. Je me suis proposé de l'écrire pour que ça aille plus vite. La secrétaire est lente, et je sais que si mon article est en cours de publication quand je soutiendrai ma thèse ce sera mieux pour moi et mon appréciation.
Vers minuit je décide de rentrer, c'est-à-dire que je suis parti vers une heure moins le quart. Pendant ce temps, je lance en vain des pings, des messages, des mails (peut-être une demi-douzaine) au fameux "raccompagnateur". Je ne l'attends plus, je l'appelle dans son bureau, mais ça ne répond pas. Je pars. Par acquis de conscience, je repasse devant sa fenêtre de bureau, mais déjà à ce moment-là je ne me fais plus d'illusions quant à savoir où il est parti, et de savoir ce qu'il y fait... Mais je passe quand même. Miracle je vois une fenêtre allumée. Je m'approche et commence à mater ce qui se trame à l'intérieur. Manque de pot ce n'est pas cette fenêtre-là la sienne, et puis ce n'est pas son bureau : il n'est pas disposé comme ça. De plus il y a quelqu'un qui y travaille, je manque de me faire repérer. Je vais passer pour un pervers, alors que ce n'est pas vrai. Je suis gentil. juste un peu obsédé mais quel homme ne l'est pas ! Je pense à lui qui est en train de s'en contre-balancer.
Je rentre seul. Je repasse devant chez lui, on ne sait jamais. Je pousse le vice jusqu'à regarder entre les persiennes. Je ne vois pas de lumière. Je repense à cette relation platonique...
Le lendemain matin même topo. Dès mon arrivée au bureau, je lui lance des mails. Ils restent sans réponse jusque vers midi... le lendemain.
Même sur un écran on parvient à deviner la gueule du marchand de chiens qui pose des carottes. Je le lui dis par mail. Il me répond "Gomen, Gomen", et aussi "Mega-mega-mega-désolé" par mail. Moi je lui renvoie un sourire...
Il devient un grand enfant avec sa copine. Il me fait penser à la mienne. Sur le coup elle me manque, je la prendrais bien dans mes bras... Oui c'est ça, c'est la jeunesse des jeunes amoureux ce à quoi il me fait penser. Je me souviens que nous étions comme ça aussi il y a 5 ans. Voilà encore la nostalgie qui m'envahit. Je ne sais pas comment je suis à cette heure. Je suis content j'ai su me retenir.
Entre temps, pendant que j'écrivais cette histoire, ma copine m'appelle pour me dire que je dois encore appeler ma grand-mère. Je lui réponds que c'est un vrai ange. Elle comprend pas pourquoi. Je suis content de l'entendre quand je parle de la copine des autres. Elle parvient à comprendre... Je l'aime quand elle est comme ça... Ensuite je lui parle d'enfants... Elle me dit oui. Je l'aime. C'est elle.

Le 8 Novembre 1999

Chat.

Lundi après-midi, moi dans mon bureau, et Céline, une secrétaire -plutôt mignonne- d'une des équipes du labo :
-Bonjour. Oulà tu as passé un week-end agité toi ?
-Bonjour. Oui.
En fait malgré le contre-jour de notre bureau et la noirceur du couloir dans lequel elle circule, je vois des poches immenses sous ses yeux. Je commence à m'imaginer la pire des beuveries et/ou orgie du week-end. Je l'imagine avec son copain... Je pars dans des extrapolations. J'en parle à mon co-buraliste. On rit. Elle est aux toilettes en face de notre bureau. Elle en ressort. Elle s'approche de notre porte :
-Oui, parce que ma petite chatte d'un an vient de se faire bouffer par un gros chien dont je ne connais pas le propriétaire. Je vais le tuer. Le véto, m'en parle pas...
Elle sombre.
-Oui mais un petit chat tu en retrouveras un.
-Non celle-là était mignonne et comme moi : elle causait tout le temps. Et puis c'est ma fifille, j'ai pas d'enfants alors...
Je la vois. Elle se retient de pleurer. J'aurais dû lui dire de rentrer et de fermer la porte du bureau pour qu'elle se lâche. J'y ai pensé le soir, un peu trop tard...
Je tente de la réconforter.
-Oui mais tu l'as eue jeune...
-Elle avait trois mois.
-Et ben tu en reprendras une que tu élèveras de nouveau. Elle sera aussi bien que l'autre car à ton image.
-Oui, mais non.
Puis elle part, triste sans chat. Je passe les détails de la mort du chat chez le véto. Avec les ennuis qu'il apporte, et l'espoir qu'il nourrit. "C'est plus grave que je ne pensais".

Le 7 Novembre 1999

Copines.

Oui copines, parce que là c'est fort le(s) hasard(s) de la vie --je ne sais pas si je dois mettre un pluriel, alors je mets les deux, dans le doute--.
Dimanche est évidemment le jour du départ de ma copine : elle doit rentrer le soir sur Épinal, pour la reprise des cours le lendemain matin.
Mais avant celà, elle doit aller chez sa soeur -encore- pour le coup de fil de sa mère qui appelle tous les dimanches matin. Donc elle y va. Je suis sûr que maintenant qu'elle sait que sa fille aînée dort chez moi le week-end où elle vient sur Nancy, elle se rend compte de la matinée qu'elle nous gâche. Enfin...
Elle revient sur les coups de midi. Ça se passe bien. Ensuite je tâche de joindre le copain qui devait rester chez lui. Je me doute bien savoir où il est.
Je raccompagne à la gare ma copine qui a presque la larme à l'oeil dans le train. Je l'aime quand elle est comme ça. L'après-midi, dans le canapé chez nous elle me demandait si j'étais amoureux d'elle. Je lui ai répondu que quand elle était à Épinal, je l'étais, et quand elle était près de moi, je l'aimais. Je crois qu'elle a apprécié le mot.
En fait aujourd'hui, là, à l'instant je me force à écrire. Mais en fait les mots ne viennent pas malgré mon état parce que je vais bien, Je viens de parler à ma copine pendant plus de vingt minutes. Je reviens toujours à dire que quand on va bien on ne peut pas écrire. Donc je crois que je continuerai demain ce journal. J'aime parler à ce morceau de "papier". Je suis seul face à lui. Déjà dans cette situation ça va moins bien. Je me dis que je devrais rentrer. Il est presque 22h00, et je dois passer voir mon copain et sa copine --depuis dimanche--. J'ai peur de raconter des choses qui les marquent de trop, qu'ils me repprochent de dilapider leur intimité. Et encore... S'ils savaient que je me retiens de tout raconter dans les moindres détails. Mais je ne peux pas leur faire ça. Le copain que j'appelle souvent au téléphone, lui, il me traite toujours de Bisounours. Parce que je n'arrive pas à trouver les gens méchants, alors que le "commun des mortels" ne supporterait pas comme moi les choses que les gens se font enttre eux, ou même les gens eux-mêmes : leur caractères et leurs manies. Pour se défouler, mes copains vont faire un flipper, taper des gens dans street fighter, ou tuer des gens à Quake ou à des jeux violents-défouloir. Moi je ne trouve pas. Si des fois je me surprends à me détendre en train de faire un street fighter, ce n'est vraiement pas pour taper les gens. Le pire ce doit être mon copain de longue date. Lui, il rejoue les stages terminés à Goldeneye juste pour tirer sur les civils et les scientifiques, alors qu'il faut justement éviter de tirer sur eux sous peine de manquer la mission. Là je lui ai déjà dit que je ne le comprenais pas. L'autre, son truc, c'est d'aller "péter des gens" à Quake III en réseau. Il se fait descendre au bout de 10 secondes mais il a eu le temps d'en tuer un ou deux. Il aime ça. Moi je suis un gentil. J'aime les jeu de plate-forme ou pour gagner il suffit de sauter et ramasser les pièces. Taper ne me détend pas. Longtemps je me suis demandé si c'était moi ou si c'était eux. Je ne sais toujours pas mais maintenant je me fous de la réponse...
Je continuerai ce journal demain, lorsque ça fera au moins 12 heures que je n'aurais pas entendu ma copine au téléphone... J'ai mis le titre du jour suivant parce que je sais ce que je mettrai et que je ne veux pas perdre l'idée avant demain.

Le 6 Novembre 1999

Copains.

Aujourd'hui c'est le week-end. Je dois avouer que je n'ai pas fait le journal depuis une semaine, et donc que je mens quand je dis "aujourd'hui c'est le week-end" puisqu'en fait on est mardi soir, que je suis probablement seul à la fac. Mais aussi il s'est passé pas mal de choses ces derniers temps.
Alors il y a le copain qui cherche et qui trouve pas et celui qui cherche pas mais qui trouve. Autant dire que gérer les deux ce n'est pas facile. Le copain qui trouve pas ne va pas bien. On le pousse à plusieurs à se bouger un peu, donc il décide d'inviter quelqu'une le dimanche soir, en revenant de son week-end "chorale" au cinéma. En fait je dis inviter mais je n'en sais même rien. Peut-être. Enfin là n'est pas le propos. Le samedi donc il s'est passé le fait que celui qui ne cherche pas va passer la journée chez son amie bulgare (qui prendra probablement cette étiquette-là par la suite : je ne nomme pas les gens pour ne fâcher personne. Mais je sais pertinemment qu'ils se reconnîtront de toute façon). Le soir, ma copine et moi l'invitons chez nous.
Avant son arrivée, ma copine et moi allons faire notre lessive. Arrivés près de la machine, elle voit son père et sa soeur aller au restau. Elle dit que ça la gonflait. J'espère secrètement qu'elle préférait rester chez moi. Vers 21h00, je retourne cherche la lessive propre, et elle attend mon copain qui ne devrait plus tarder... Je reviens et lui arrive peu de temps après. Elle retourne voir son père qui rentre pour la Martinique le lendemain matin tôt.
Une fois revenue de chez sa soeur, la soirée continue bien, il repart vers une heure. Je lui demande ce qu'il fait le lendemain, et il me répond : ménage, branchement des machines etc... Rien de bien notable.

Le 2 novembre 1999

Célibataire.

Encore aujourd'hui je pense à mon copain dont l'anniversaire était hier. Il a 24 ans, et il en a marre d'être seul. Mais maintenant il ne sait plus ce qu'il veut : soit une copine, avec laquelle leur histoire durera, une stabilité établie, ou alors une fille avec qui il pourrait sortir en attendant soit de trouver mieux soit de se rendre compte que c'est la bonne. Je pense en ce moment qu'il risque de me dire de ne pas en mettre tant sur lui sur mon journal. Des fois je ne pense pas forcément qu'il est on-line... Enfin, je verrai ça quand il le lira. J'essaie d'être le moins personnel possible. Parce que j'ai envie d'en parler , mais je ne veux pas le vexer, ou le navrer. Je verrai bien demain ce qu'il me dit s'il pense à lire ma mise à jour...
Maintenant je ne sais que trop lui conseiller, surtout que moi je n'ai pas beaucoup d'expérience avec les filles... Je lui dit comment ma copine ça s'est mis en place et c'est tout. Aujourd'hui il avait carrément pas le moral. Je ne l'avais pas vu dans cet état depuis le mois d'août. À un moment il a quitté IRC sans prévenir. Je me suis immédiatement inquièté pour lui, qu'il allait partir dans un troquet, ou un truc aussi débile que de passer sous un train (il en avait parlé sur irc). Dans des cas comme celui-là je ne sais pas trop quoi dire ni faire.
Il est tard et je vais rentrer. La suite je la mettrai demain si j'ai le temps mais de toute façon il y aura le reste. Il faut que je pense à tout maintenant que mon prof est revenu, il faut aussi que je pense à ma thèse.